Le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, vient de prendre connaissance lors d’un conseil ministériel, d’un rapport qui a été élaboré dans l’objectif de planifier des réformes liées à la gestion des finances publiques, et ce, dans le cadre d’un programme de grande envergure d’ajustement économique lancé par le gouvernement tunisien.
La présidence du gouvernement précise dans un communiqué, paru à cet effet, que le rapport de planification des réformes liées à la gestion des finances publiques, présenté par le ministère des Finances lors de ce conseil ministériel, s’articule autour de cinq axes stratégiques. Il s’agit notamment de la maîtrise et du contrôle des dépenses publiques ainsi que la mobilisation des ressources budgétaires.
Le rapport comprend également le développement du système comptable de l’État, la gestion de la trésorerie et l’amélioration de la gestion des ressources humaines, ainsi que le développement du système d’information de la direction des finances publiques. Il s’agit d’objectifs réalistes et réalisables au vu du caractère prospectiviste du but général de la réforme.
Toutefois, il convient de noter que les différentes revues du système national des finances publiques qui ont précédé la révolution tunisienne se sont accordées sur la solidité de ce système. Avec un taux d'endettement ne dépassant pas 40% avant la révolution et un déficit ne dépassant pas les 3%, la Tunisie est considérée parmi les pays à finances publiques de bonne qualité.
Cependant, le caractère classique de son système budgétaire et la déconnection de facto des prévisions budgétaires des objectifs du plan de développement ont réduit, depuis plusieurs années, les chances du pays pour réaliser un meilleur niveau de développement, et de créer suffisamment de postes d'emploi pour une population de plus en plus jeune et éduquée. La dispersion des objectifs d’une gestion saine des finances publiques durant la dernière décennie a imposé une réforme majeure, à ce titre.
On s’accorde de plus en plus sur le fait que le succès du pilotage de réformes aussi importantes que celles concernant les finances publiques, qu'il s'agisse des réformes budgétaires ou fiscales ne va pas de soi. Non seulement le pilotage de ces réformes se déroule dans un cadre général multidimensionnel mais dans le domaine des finances publiques la réussite du changement est un défi à plusieurs titres pour les responsables tous confrontés pareillement à une autre culture de la gestion financière publique, à de nouveaux concepts, à de nouvelles règles du jeu.
En outre, une réforme a beaucoup de chance de réussir que si elle prend en compte le fait que tout contexte national est particulier, c’est le cas pour le gouvernement tunisien actuel qui prend en considération parfaitement cet axe majeur de réforme.
Le pilotage des réformes financières publiques ne doit pas seulement être conçu comme un pilotage administratif et gestionnaire mais comme un pilotage institutionnel. Le défi à relever aussi est de ne pas réduire la réforme à une pression quantitative accrue et à une gouvernance par les chiffres. La réussite serait également assurée si on considère que les objectifs fixés ne sont jamais immuables mais toujours évolutifs. Autrement dit, la démarche doit être progressive et faire l'objet d'une évaluation permanente.