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Indice mondial de perception de la corruption : La Tunisie peut et doit mieux faire…

Par Hassan GHEDIRI

La guerre déclarée contre la corruption peine toujours à déboucher sur de vrais changements dans la gouvernance publique. Notre pays ne progresse presque pas.

L’indice de 2024 de perception de la corruption (IPC) que vient de rendre public l’ONG Transparency International dresse un bilan pas tout à fait reluisant pour la Tunisie. Notre pays a obtenu un score de 39/100, soit une baisse par rapport à 2023 où il a été noté 40/100. Cette régression s’accompagne d’une chute de cinq places au classement mondial de la Tunisie en se retrouvant à la 92ème position sur 180 pays, après avoir occupé l’année passée, la 78ème place. Pour dire que malgré les déclarations ambitieuses du président Kaïs Saïed, qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité depuis sa prise de pouvoir en juillet 2021, les résultats restent insuffisants. Il est important de souligner que le score de chaque pays est établi en fonction de son niveau de perception de la corruption dans le secteur public. L’indice IPC est ainsi calculé sur une échelle allant de zéro à 100, sachant que plus que la note d’un pays s’approche de 100, moins il est corrompu.  

La régression de la Tunisie dans l’indice de 2024 peut donc être considérée comme un avertissement. Car, malgré les mesures prises par l’Etat dans le but d’endiguer la corruption, comme les nombreuses arrestations des politiques et des hommes d’affaires et les discours promettant de nettoyer le système, il s’est avéré que ces actions manquent encore d’améliorer la perception de la corruption en Tunisie. L'indice de Tranaparency International est un indicateur crucial. L’évaluation des performances des pays se faisant en se référant aux données collectées auprès de pas moins de 13 institutions et organismes internationaux, le score de la Tunisie laisse deviner l’omniprésence d’un environnement où la corruption semble encore largement répandue. L’on peut également affirmer que les résultats de la Tunisie sont en déca des ambitions lorsqu'on la compare aux autres pays africains. 

Se rattraper 

Notre pays n’arrive en effet pas à se hisser parmi les dix premiers pays du continent, se classant seulement 15ème. Sur l’ensemble de l’Afrique, cinq pays (Seychelles, Cap-Vert, Botswana, Rwanda, et Maurice) ont un score supérieur à 50 points, ce qui montre l’ampleur du défi auquel la Tunisie fait face. Pour améliorer cette situation, plusieurs actions doivent être entreprises. Il est notamment essentiel de renforcer le système judiciaire et les institutions chargées de la lutte contre la corruption. Une justice indépendante et des mécanismes de poursuites efficaces sont également indispensables pour garantir que les affaires de corruption soient traitées sérieusement et que les responsables soient punis. La création d’une autorité nationale de lutte contre la corruption plus autonome et mieux financée pourrait également contribuer à cette démarche.

Un autre aspect important est l'implication de la société civile qui a un rôle crucial à jouer pour sensibiliser la population et maintenir la pression sur les autorités chargées de la lutte contre la corruption. Les médias et les ONG peuvent contribuer à mettre en lumière les cas de corruption et à dénoncer les abus de pouvoir. Parallèlement, des programmes de formation et de sensibilisation à l'éthique publique doivent être mis en place pour prévenir la corruption dès le début de la carrière des fonctionnaires et dans les entreprises privées.

La Tunisie pourrait également bénéficier des programmes de coopération internationale dans sa lutte contre la corruption qui lui permettent d’obtenir des conseils techniques, des financements et des partenariats capables de renforcer les capacités des institutions locales.

Certes, au cours des dernières années, des progrès ont été réalisés en matière de lutte contre la corruption en Tunisie sauf que le recul dans l'indice de 2024 met en lumière des insuffisances structurelles. Pour améliorer son score et sa position, la Tunisie doit impérativement engager des réformes structurelles, renforcer la transparence et rendre son système judiciaire plus efficace. Il ne suffit pas de déclarer la guerre à la corruption, il faut aussi mettre en place les outils et les moyens nécessaires pour la combattre efficacement.

H. G.

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