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Editorial : Bien choisir son camp ! - Par Hassan GHEDIRI

Le monde change à un rythme vertigineux et les alliances politiques et économiques n’arrêteront point de se faire et se défaire dans les prochaines années, au gré des crises et des tensions géopolitiques qui bouleversent déjà, de fond en comble, les rapports entre les pays. La guerre génocidaire que mène, sauvagement, depuis plus de 16 mois, l’armée sioniste contre les Palestiniens a été, sans doute, l’événement majeur qui a bousculé l’ordre mondial mettant à nu les mensonges des grandes puissances occidentales. Un Occident s’autoproclamant le maître du monde et le gardien incontesté des droits de l’homme qui ne bouge pas le petit doigt pour défendre un prétendu droit international bafoué en toute impunité par l’armée israélienne qui poursuit son carnage, le plus horrible de l’histoire contemporaine. Ce qui s’est passé depuis le 7 octobre 2023 au Proche-Orient continue à façonner fondamentalement les relations internationales dessinant petit à petit la nouvelle carte géopolitique mondiale et redistribuant les rôles selon des intérêts et les influences. 

Dans le même temps, il demeure très difficile de prédire les conséquences à très long terme de l’embrasement au Moyen-Orient. Elles dépendront des résultats incertains d’une guerre qui risque, à tout moment, de se généraliser. Une chose reste toutefois certaine, c’est que quels que soient les gagnants et les perdants de cette guerre de tous contre tous, seuls ceux qui auraient su bien choisir leur camp qui en sortiront indemnes, ou du moins avec les moindres dégâts. Pour les pays qui n’y seront pas directement impliqués, comme c’est le cas de la Tunisie, l’enjeu est vital. Et il est économique par excellence. D’où l’importance de sortir de l’hésitation, franchir le pas vers la bonne direction et assumer les choix. Il est particulièrement important de percevoir suffisamment tôt les signaux avant-coureurs des bouleversements d’ampleur actuellement en gestation. Des faits d’actualité de première importance ayant marqué l’actualité internationale peuvent aider à y voir plus clair et à imaginer approximativement comment seront les équilibres dans le monde, demain. 

Nouvellement élus en novembre dernier, Donald Trump n’a pas attendu d’officialiser son come-back à la Maison Blanche pour dévoiler ses intentions incendiaires. Hier, le 47e président des Etats-Unis a fait une déclaration explosive en menaçant d’ouvrir les «portes de l’enfer» contre la résistance palestinienne Hamas si les otages israéliens qu’elle détenait depuis le 7 octobre 2023 n’étaient pas libérés avant sa prise de fonction officielle.  Le même Trump qui, fin novembre dernier, seulement trois semaines après s’être déclaré vainqueur et sans attendre d’être officiellement investi, le 20 janvier, avait solennellement menacé d’imposer des droits de douane de 100% aux pays de l’alliance des BRICS qui se compose du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de l’Afrique du Sud, de l’Egypte, de l’Ethiopie, de l’Iran, des Emirats arabes unis. La colère de Trump contre les membres du BRICS est que ces deniers tentent d’aller jusqu’au bout de leur projet de «dédolarisation» de l’économie mondiale. Les membres de l’alliance et d’autres pays en développement n’hésitent plus à déclarer qu’ils en ont assez de la domination du système financier mondial par les États-Unis et des institutions financières occidentales. 

Mais, depuis le 7 janvier 2025, le BRICS ou BRICS+ comme il est désormais appelé, a pris une ampleur considérable avec l’adhésion de la première grande économie de l’Asie du Sud-Est, l’Indonésie qui vient d’intégrer officiellement l’alliance du «Sud global» marquant en même temps un tournant majeur dans la reconfiguration des alliances économiques mondiales. Avec l’Indonésie qui compte 277 millions de personnes, le groupe du BRICS représente plus de 51% de la population mondiale et 40% du PIB global. L’Indonésie est d’ailleurs appelée à jouer un rôle crucial dans le développement de nouvelles alternatives monétaires comme réponse à l’hégémonie du billet vert. Quelle que soit l’insignifiance de son poids dans l’économie mondiale et son manque d’atouts démographiques, géographiques et diplomatiques pour influencer les équilibres internationaux, la Tunisie ne peut pas rester un simple spectateur et a intérêt à prendre son destin en main et choisir consciencieusement son camp. 

H.G.

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