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Programme de Recherche et d’Innovation de 2025 : Coup d’accélérateur pour l’industrie ?

Par Hassan GHEDIRI

Les laboratoires de recherche relevant des universités et d’autres structures impliquées dans le système de recherche et innovation doivent contribuer plus efficacement à la modernisation industrielle… 

Dans son rapport final définissant les grandes orientations de la stratégie industrielle et d’innovation à l’horizon 2025, élaboré en collaboration avec le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et édité en juillet 2022, le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie a estimé que la grande majorité des structures dédiées à la recherche et innovation en Tunisie manquent de moyens financiers et humains spécialisés, ce qui réduit considérablement le taux de valorisation des résultats de recherche. Pour ce qui est des recherches appliquées à l’industrie, il ressort du même rapport qu’aucun centre de recherche n’est sous la tutelle du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie. Le système tunisien de recherche et développement se compose en fait des structures de recherche implantées dans 13 universités et 36 autres centres de recherche régis par différents ministères, principalement de l’enseignement supérieur,  de l’agriculture, de la santé et de la défense nationale.     

Ceci étant, le Programme de Recherche et d’Innovation de l’Industrie 2025 (PR2I 2025) tente de remédier tant bien que mal aux dysfonctionnements épinglés dans ledit rapport. Initié par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique le PR2I 2025 vise, justement, à stimuler la collaboration entre les universités, les laboratoires de recherche et les acteurs de l’industrie à travers un appel à candidatures pour le financement des projets de recherche et d’innovation appliqués dans l’industrie. Le cap est mis sur quatre domaines considérés essentiels pour l’avenir de l’industrie tunisienne, en l’occurrence la transition numérique et industrielle (industrie 4.0; l’IA, le Big Data, le Cloud,); l’énergie (énergies renouvelables, la maîtrise de l’énergie, les ressources alternatives...); l’environnement et l’économie circulaire (l’empreinte carbone, le recyclage des déchets industriels, l’économie verte...) et la valorisation des produits naturels locaux. Selon le communiqué consacré à ce programme, les candidatures doivent être déposées en ligne sur le site web du ministère,   et ce, avant le 31 mars 2025. Plus que jamais, l’industrie tunisienne doit aujourd’hui s’innover pour rester au diapason de l’évolution accélérée des technologies et de l’économie dans le monde. Des secteurs industriels traditionnels, tels que l’agroalimentaire et le textile montrent aujourd’hui leurs limites face à la concurrence mondiale, qui se renforce notamment grâce à l’innovation technologique. D’où l’importance de la recherche et le développement (R&D) dans la modernisation de l’industrie. 

0,62%

Selon une étude de la Banque mondiale, les pays qui investissent massivement dans la recherche et l’innovation connaissent une croissance plus soutenue et une compétitivité accrue, tout en favorisant la création d’emplois hautement qualifiés. Pourtant, en Tunisie, l’investissement public dans la R&D reste faible. En 2021, le budget alloué à la recherche ne représentait que 0,62% du PIB, un chiffre nettement inférieur à la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui dépasse les 2%. Ce manque de financement limite gravement la capacité de l’industrie à se moderniser, d’autant plus que l’innovation nécessite des infrastructures, des ressources humaines qualifiées et des partenariats solides. Le PR2I 2025 doit donc aider à relever ce défi en permettant de financer des projets de recherche innovants. L’un des axes prioritaires est la transition numérique et industrielle, notamment avec l’adoption de l’industrie 4.0, l’intelligence artificielle (IA), le Big Data et le Cloud computing. Ces technologies permettent aux entreprises de gagner en productivité, de réduire leurs coûts et de créer de nouveaux produits et services. Les spécialistes croient en effet que d’ici 2030, la numérisation de l’industrie va générer jusqu’à 25% de gains de productivité supplémentaires pour les entreprises industrielles. Un secteur industriel tunisien plus digitalisé serait donc en mesure de mieux se positionner sur les marchés internationaux.

En parallèle, l’énergie représente un autre domaine stratégique pour l’industrie tunisienne, surtout pour les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie. La Tunisie,possède un potentiel important de ressources non conventionnelles qui aident à réaliser une meilleure efficacité énergétique. Les énergies renouvelables ne représentent cependant aujourd’hui que moins de 5% de la consommation d’énergie totale du pays. Soit un taux très en déça de l’objectif de 30% à l’horizon de 2030. En investissant dans la recherche et l’innovation dans ce domaine, la Tunisie pourrait réduire sa dépendance aux importations d’énergie et réduire les coûts de production pour ses industries.

En dépit des opportunités, l’absence d’un financement adéquat pour la recherche continue de freiner la compétitivité de l’industrie tunisienne. Le manque d’investissement public, couplé à un faible soutien aux entreprises innovantes, reste l’un des principaux obstacles à l’accélération de la transformation industrielle du pays. A l’instar de PR2I 2025, l’État doit multiplier et diversifier les programmes de recherche et d’innovation dédiés à l’industrie auxquels doivent être mobilisés les moyens humains et financiers nécessaires pour que la Tunisie puisse rattraper son retard technologique et bâtir une industrie plus compétitive.

H. G.

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