Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
L’arrestation d’un jeune homme originaire de Nabeul pour extorsion via les réseaux sociaux remet au devant de la scène l’épineuse question de l’usage malsain de l’espace virtuel. Comment lutter contre ces abus?
On apprend que les unités de police relevant du Commissariat de Nabeul ont arrêté en milieu de cette semaine un individu soupçonné d’avoir piraté le compte Facebook d’une jeune fille. Suite à quoi, le suspect a menacé sa victime de publier ses photos et ses vidéos sur les réseaux sociaux si elle ne lui ne verse pas une somme importante d’argent. Cette affaire ne constitue pas, par ailleurs, une première en Tunisie. En effet, selon les chiffres du ministère de la Justice, pas moins de 50 affaires de ce type ont été examinées par les tribunaux rien qu’en 2024. Ces affaires portent sur des atteintes à la pudeur, l’outrage, extorsion et atteinte à la vie privée d’autrui. Et même si la Tunisie est dotée d’un arsenal juridique pour lutter contre ces abus, les réseaux sociaux sont devenus une véritable jungle où l’on voit de toutes les couleurs. Du coup, le gouvernement a entamé au mois de juillet dernier une véritable opération de chasse à la sorcière. Plusieurs influenceurs et You tubeurs ont été, en effet, arrêtés. Que faire, de fait, pour mettre de l’ordre dans ce paysage virtuel qui échappe à tout contrôle ?
Interrogé à ce sujet, Me Houssem Eddine Ben Atiya, nous a confié: «Il faut savoir que plusieurs lois régissent ces activités virtuelles sur les réseaux sociaux et sur Internet en général. La plus importante d’entre elle est le Décret-loi n°2022-54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication. Cela étant, il faut accompagner ces lois par d’autres mesures comme la sensibilisation et la formation notamment des jeunes pour un bon usage des réseaux sociaux».
Pour une charte nationale…
Devenus un outil indispensable de communication, les réseaux sociaux devraient, selon plusieurs spécialistes faire l’objet d’une charte nationale de déontologie qui devrait être, également, apprise à l’école et dans les différents établissements scolaires et éducatifs. C’est ce que préconise, l’activiste, Houssine Chalghaf, qui nous a indiqué: «Le succès planétaire des réseaux sociaux – Facebook en premier lieu – a fait rentrer la société, toutes classes confondues, dans une nouvelle ère, celle de l’exhibitionnisme numérique. Véritables phénomènes, ces réseaux sociaux provoquent des réactions extrêmes. Et même si ces sites permettent également d’envoyer et de recevoir des messages, de télécharger des photos et des vidéos, d’acquérir une notoriété publique, ils comportent aussi plusieurs risques comme le piratage de compte qui peut aller jusqu’à l’usurpation d’identité. On peut, également, être victimes de cambriolages lorsqu’une personne a indiqué non seulement son adresse mais également ses dates de vacances ou encore de voyeurisme lorsque des informations purement privées, telles des photos ou des vidéos sont publiées. Le harcèlement en ligne comme cela peut arriver par exemple dans les écoles où des adolescents menacent leurs camarades de révéler des photos coquines et aussi un risque majeur comme le partage indu d’informations sensibles à de parfaits inconnus et l’utilisation non souhaitée des données collectées à des fins publicitaires ainsi que les risques de dépendance, notamment chez les plus jeunes qui ne peuvent aller se coucher sans passer par la case Tik Tok. La solution serait peut-être tout simplement d’apprendre à apprivoiser ces réseaux sociaux qui font désormais partie de notre quotidien. Cela passe notamment par la connaissance des principaux réseaux et de leurs fonctionnalités, l’adoption de bons comportements et le paramétrage de la sécurité et de la portée des publications».
M.B.S.M.