Cela fait vingt quatre que le leader Habib Bourguiba nous a dit adieu, un 6 avril 2000. Aujourd’hui encore, le père de l’Indépendance et de la construction de l’Etat tunisien moderne, hante nos esprits et demeure, malgré tout, une référence indéboulonnable et une haute source d’inspiration
Parti il y a 24 ans, le « Combattant Suprême », cet homme d’Etat et visionnaire, considéré comme une grande figure du monde contemporain, nous tient toujours compagnie malgré toutes les tentatives de ses pires ennemis pour « enterrer » son souvenir, son œuvre grandiose et ses principes devenus, aujourd’hui, une référence et une source d’inspiration.
Il y a 24 ans, le 6 avril 2000, nous quittait à jamais le « Combattant Suprême », l’homme qui avait su mobiliser le peuple dans sa quête de dignité, l’homme qui avait dirigé la lutte nationale, qui avait fondé un État moderne et avait assuré à la Tunisie une place de choix dans le concert des nations.
Aujourd’hui, les Tunisiens, dans leur majorité reconnaissants envers leur « Zaïm », n’arrêtent pas de récolter ce que Bourguiba a semé depuis l’indépendance. Il s’agit d’un héritage exceptionnel : l’obligation et la gratuité de l’enseignement, la République, l’accès à la santé pour tous, l’émancipation de la femme, le Code du statut personnel, l’interdiction de la polygamie, la couverture sociale.
Ces fondements de la vision de Bourguiba ont été la meilleure arme pour les Tunisiens pour résister aux sirènes de l’obscurantisme et de préserver son identité, sérieusement menacée par les islamistes, les principaux envahisseurs de ce qu’on a appelé « printemps arabe ».
De toute sa vie, Habib Bourguiba mettait, pierre sur pierre, les bases d’un pays moderne mais fidèle à sa propre vision des choses. Ainsi, bien qu’il fut un adepte de la démocratie, il a préféré ne pas en faire usage dans son propre pays qui avait besoin, avec une population comprenant plus de 80% d’illettrés à l’époque, d’autres fondements pour avancer et pour faire partie des pays ouverts et modernisés. Et on a eu à mesurer la justesse de ce choix en 2011 lorsque les islamistes ont mis en place une fausse démocratie destinée à légitimer leur prise du pouvoir et à leur permettre de piller le pays et s’envoler ailleurs.
En ces jours difficiles pour nos frères palestiniens, un petit retour dans le temps nous fait remémorer le discours de Bourguiba, un certain 3 mars 1965 à Ariha (Jéricho). Dans ce célèbre et historique discours, Bourguiba recommande la reconnaissance d’Israël et le partage des terres comme solution provisoire, justifiant cette position par son approche des petits pas et préconisant une marche progressive, par étapes, vers l’indépendance des Palestiniens. Ce discours, qui a reçu à l’époque un accueil froid dans le monde arabe et valu à l’ancien président tunisien une campagne de dénigrement dans les milieux politiques et médiatiques au Moyen-Orient, est aujourd’hui une référence. Les pays arabes concernés ont refusé le partage et les clauses du Livre blanc. Ils le regrettèrent ensuite, et ce qui se passe aujourd’hui se passe de commentaire.
Vingt quatre ans après sa disparition, les Tunisiens n’oublient pas leur Leader. C’est à travers leur quotidien qu’ils remémorent son œuvre et ses courageuses et audacieuses œuvres au service du peuple, malgré un certain déclin qui a précipité sa mise à l’écart par un Ben Ali peu reconnaissant et soucieux de faire oublier son prédécesseur, sans y parvenir, en fin de compte, malgré la longue période de captivité qu’il lui a réservée de 1987 à 2000.
Dans nos cœurs, à jamais…
Aujourd’hui, 24 ans après sa mort, Habib Bourguiba semble conquérir encore plus les cœurs des Tunisiens, tous les Tunisiens et pas uniquement la génération dite de Bourguiba. Et ceux qui ont tenté d’effacer et de ternir son image, à commencer par ces mêmes islamistes et tous les ennemis de la lumière, de la démocratie et de l’égalité entre hommes et femmes, n’ont pas réussi à l’éloigner des mémoires et des cœurs des Tunisiens. Au contraire, ils n’ont fait que reluire son image et le faire réincarner dans les esprits d’une population qui a su mesurer la différence de la pensée et de l’attachement au pays et à ses valeurs et qui a favorablement accueilli la mise à l’écart de ces envahisseurs un certain 25 juillet 2021 par un Kais Saïed qui a su mettre du sien, lui aussi, pour rendre hommage au « Zaïm ».
Kamel ZAIEM