Dans une intervention radiophoniques concernant la proposition de loi déposée auprès de l’ARP et qui porte sur les médecins spécialistes affectés dans les régions et proposant des sanctions contre les jeunes médecins, Nizar Laâdhari, secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des médecins, a affirmé que si la décision d’accorder un privilège aux jeunes médecins en contrepartie de leur affectation dans des régions souffrant d’un manque de médecins spécialistes, est approuvée par l’ordre, elle ne résout pour autant le problème que partiellement et ponctuellement.
« D’ici dix ans nous n’aurons plus de médecins spécialistes en Tunisie. Les nombreuses arrestations qui visent les médecins et les agressions qu'ils subissent dans les hôpitaux, ont aggravé le fléau des fuites des cerveaux et d’émigration qui touchent de plus en plus le secteur. Les jeunes médecins décident à l’unanimité de partir, seuls les séniors sont en train de travailler dans le secteur public à présent! En 2023, quelques 1325 jeunes médecins sont partis à l'étranger et l'hémorragie continue. Le plus étonnant dans ce phénomène, est que si la France les accueille sur concours, l’Allemagne leur ouvre grands les portes les recrutant sans exiger de spécialité, mais sur la simple condition qu’ils aient achevé leurs études.
Autrefois, l'Allemagne exigeait aussi la maîtrise de la langue mais plus maintenant! On leur laisse le choix de la spécialité, on les recrute et on leur accorde un salaire de 8 mille euros. Aujourd’hui, le fait d'imposer la présence des médecins spécialistes dans les régions est devenu irréalisable, face aux offres qu'ils reçoivent ailleurs! Il faut être réaliste », a souligné Nizar Laâdhari.
« Même les pays les plus développés n’ont pas pu réaliser cet objectif, le Canada, l’Allemagne et la France par exemple. Les pays les plus développés ont axé leur stratégie sur la prévention. Ils préviennent les maladies et ne concentrent pas leur plan sur les soins. Ils ont fait de sorte de contourner les maladies pour alléger la pression sur les spécialistes, cela leur a permis de gagner de l’argent et la santé des citoyens, malheureusement nous en sommes encore à penser à des politiques complétement dépassées où il est question de soigner les maladies et non de les prévenir. Aujourd’hui, on en est à soigner dix cas d’infarctus dans les urgences pour la simple raison qu’on a été incapables de prévenir en imposant des check-up réguliers comme cela se fait gratuitement au Canada. Toute la politique de santé est à revoir, elle ne fait que pousser les médecins aux départs », a-t-il conclu.