Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Pendant que les appels se multiplient pour moderniser l’infrastructure scolaire, quel rôle peuvent jouer la société civile et autres partenaires sociaux dans cet effort national?
Le drame du lycée de la ville de Mezzouna a remis au-devant de la scène l’état de délabrement dans lequel se trouve l’infrastructure scolaire en Tunisie. Pourtant, la Tunisie s’est toujours vantée d’avoir mis en place un système scolaire moderne, performant et surtout accessible à tous. De l’avis de tous les spécialistes, cette bonne volonté ne peut pas suffire à elle seule aujourd’hui à relever ce défi à cause notamment de l’état de délabrement dans lequel se trouve l’infrastructure scolaire, «une infrastructure qui demande aujourd’hui des travaux d’entretien afin de continuer de jouer son rôle et offrir un espace scolaire accueillant et sûr», nous dira l’universitaire Salem Chérif. Et d’ajouter: «Il s’agit d’un effort national qui doit impliquer tous les acteurs, y compris les composantes de la société civile et le reste des partenaires sociaux tels que les banques, le secteur privé et les bailleurs de fonds nationaux».
Selon notre interlocuteur: «Seuls quelques partenaires ont prêté la main jusqu’ici à l’Etat dans cet effort national. Je cite l’initiative citée par GIZ Tunisie qui a lancé un vaste projet ciblant sept écoles primaires en milieu rural qui ont bénéficié de travaux d’entretien. Plus de 1 500 élèves profitent ainsi aujourd’hui de cette mesure, qui porte sur la modernisation des équipements sanitaires, la remise en état des salles de classe et le réaménagement des terrains de sport et des cours d’école. Six autres écoles primaires ont été dotées de nouvelles cantines. 50 cantines scolaires ont été également équipées de réfrigérateurs pour garantir la qualité des produits alimentaires, même en cas de forte chaleur. Il est ainsi possible de mieux nourrir les enfants et les familles ont une raison de plus d’envoyer leurs enfants à l’école». De fait, comment généraliser ce genre d’initiative et inciter les partenaires sociaux à adhérer dans ce vaste chantier?
Elan national…
Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi, estime que «le secteur privé dans les banques et les entreprises doivent acquérir cette nouvelle culture de partenaires économiques et sociaux de l’Etat et ne peuvent se contenter d’accroître leurs chiffres d’affaires et amasser les gains. Idem pour les composantes de la société civile qui ne remplissent convenablement pas leur rôle de partenaire. La société civile et les ONG sont aujourd’hui des acteurs à part entière du développement durable. Ils constituent un maillon essentiel dans la réalisation des objectifs du développement durable. Mieux encore, la société civile a un rôle important à jouer dans la création des environnements favorables à la croissance économique, en veillant à la transparence des programmes mis en œuvre. Aujourd’hui, notre pays a besoin d’un vaste chantier participatif entre le secteur privé et le secteur public. De multiples missions peuvent être proposées dans le cadre d’un chantier participatif qui relève de domaines variés: environnement et développement durable, dynamique locale et animation culturelle, sauvegarde et valorisation du patrimoine, solidarité et mixité sociale, etc. Cela peut passer par l’engagement des banques et des entreprises privées pour l’éducation comme ce projet qui s’inscrit dans le cadre du partenariat privé/public signé entre le ministère de l’Education et l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), pour participer à la première action commune du secteur bancaire tunisien affilié à l’APTBEF en faveur des établissements scolaires publics. Il concerne la réhabilitation et la prise en charge des travaux d’aménagement de 42 établissements scolaires répartis sur 15 gouvernorats. Un exemple à suivre…».
M.B.S.M.