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Qui était Yahya Sinouar, le cerveau de l'attaque du 7 octobre, assassiné par Israël ?

Il était l'une des principales cibles de l'armée israélienne depuis l'attaque du 7 octobre. Considéré comme un des cerveaux de l'assaut, Yahya Sinouar a été assassiné lors d'une opération dans la bande de Gaza, a confirmé l'armée sioniste. 

Les forces israéliennes avaient annoncé vérifier "la possibilité que l'un des palestiniens abattus soit Yahya Sinouar", et  "à ce stade, les identités ne peuvent pas être confirmées", ajoutait le communiqué. Une source de sécurité israélienne avait indiqué que des analyses ADN étaient réalisées sur un corps pour confirmer s'il s'agissait bien de Sinouar.

Leader charismatique mais dans l'ombre

Yahya Sinouar a fait toute sa carrière dans l'ombre : celle des prisons israéliennes où il a passé 23 ans, puis de l'appareil sécuritaire du mouvement islamiste palestinien où il se chargeait des purges. 

Chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il était, à 61 ans, l'architecte du 7 octobre : ce jour-là, des centaines de commandos fondaient sur des kibboutz, des bases militaires et une rave party en Israël.

"C'est sa stratégie, c'est lui qui a monté l'opération" probablement pendant un an ou deux, expliquait à l'AFP Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d'études politiques (CAREP) à Paris.

L'homme ascétique, à la chevelure blanche mais aux sourcils fournis noirs, "a imposé son tempo pour changer le rapport de force sur le terrain et a pris tout le monde par surprise", selon elle.

Celui qui était depuis considéré comme "le visage du diable" ou le "mort en sursis", selon les termes de l'armée sioniste, n'apparaissait plus en public.

"C'est l'homme de sécurité par excellence" qui, avec un "charisme de leader", "prend des décisions dans le plus grand calme", affirmait à l'AFP Abou Abdallah, un ex-codétenu du Hamas, en 2017.

Militant du Hamas de la première heure

En 1987, la première Intifada (le soulèvement contre l'occupation israélienne) éclate dans un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza. Yahya Sinouar, né à Khan Younès, un camp du sud du territoire, rejoint le Hamas tout juste fondé.

À 25 ans, il dirige déjà l'Organisation du jihad et de la prédication, l'unité de renseignement du Hamas qui punit les "collaborateurs", ces Palestiniens châtiés pour intelligence avec l'ennemi israélien. En 1988, il fonde Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.

Incarcéré en 1989, il s'impose en leader des prisonniers. Condamné plusieurs fois à la perpétuité, il sort en 2011 avec un millier de détenus libérés par Israël, en échange du soldat Gilad Shalit, otage du Hamas pendant cinq ans. 

Yahya Sinouar voit Israël éliminer ses mentors, notamment le cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, et Salah Chehadé, fondateur des brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement, dont il passe pour le bras droit. 

Élu en 2017 chef du Hamas à Gaza, il impulse une stratégie "radicale sur le plan militaire et pragmatique en politique", décryptait Leïla Seurat. "Il ne prône pas la force pour la force" mais "pour amener (les Israéliens) aux négociations".

Sur le plan politique, il prônait une direction palestinienne unie pour tous les Territoires occupés : la bande de Gaza, tenue par le Hamas, la Cisjordanie, administrée par le Fatah de Mahmoud Abbas, et Jérusalem-Est. "Il a fait savoir qu'il punirait quiconque tenterait d'entraver la réconciliation avec le Fatah", rappelait le European Council on Foreign Relations (ECFR).

À son élection à la tête du Hamas à Gaza, le mouvement accepte le principe d'un État palestinien dans les frontières de 1967, mais conserve comme but ultime la "libération" de tout le territoire de la Palestine de 1948, incluant le territoire israélien actuel.

 

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