Alors qu'un cas a été recensé sur un bébé de 10 mois, une première depuis vingt-cinq ans dans ce territoire, l'ONG souhaite lancer deux campagnes vaccinales à la fin du mois d'août et en septembre. Pour ce faire, des "pauses humanitaires" ont été réclamées aux belligérants. L’Etat hébreu, qui n’hésite pas à bombarder et tuer des bébés et des enfants va-t-il accepter cette proposition humanitaire ?
Elle avait disparu depuis un quart de siècle. Comme c'était redouté ces dernières semaines face à la dégradation continue des conditions de vie et une situation sanitaire déplorable dans la bande de Gaza, un premier cas de polio a été annoncé par le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, vendredi 16 août. La maladie a été diagnostiquée chez un "bébé de 10 mois qui n'avait pas été vacciné" à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien surpeuplé, précise le ministère. Le poliovirus à l'origine de la poliomyélite, qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles, a d'abord été détecté dans des échantillons d'eaux usées collectés fin juin à Khan Younès, dans le sud de l'enclave palestinienne, puis à Deir al-Balah.
L'ONU a réclamé vendredi des "pauses humanitaires" afin de vacciner plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans. "Il est impossible de mener une campagne de vaccination contre la polio au milieu de la guerre", a insisté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sur X. "Une pause polio est nécessaire."
Avant lui, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) avaient demandé dans un communiqué des pauses humanitaires de "sept jours" afin de mettre en place deux campagnes vaccinales. Ces deux séries "devraient être lancées à la fin du mois d'août et en septembre dans l'ensemble de la bande de Gaza afin de prévenir la propagation du variant qui circule actuellement", connu sous le nom de cVDPV2, selon les deux agences onusiennes.
Des vaccins qui devront transiter par Tel-Aviv
L'Unicef a commandé 1,6 million de vaccins pour lancer cette vaste campagne. Mais pour ce faire, les belligérants devront suspendre les hostilités. "Un cessez-le-feu est le seul moyen d'assurer la sécurité de la santé publique dans la bande de Gaza et dans la région", rappellent l'OMS et l'Unicef dans leur communiqué.
Côté logistique, l'Unicef va devoir acheminer "des petits frigos portables" pour conserver les vaccins, car "près de 25% de la chaîne du froid dans la bande de Gaza est encore fonctionnelle", d'après les études de l'Unicef. Les vaccins et les équipements de la chaîne du froid devraient transiter par l'aéroport Ben-Gourion à Tel-Aviv, la capitale de l’Etat sioniste, avant d'arriver dans la bande de Gaza fin août.
Cette opération doit mobiliser 708 équipes et 2 700 agents de santé, notamment "dans les hôpitaux, les hôpitaux de campagne et les centres de soins de santé primaires de chaque municipalité de la bande de Gaza", selon le communiqué. Pour empêcher la propagation de la polio et sa réapparition, une couverture vaccinale d'au moins 95% est nécessaire au cours de chaque cycle de campagne, précise-t-il encore.