En 2023, estimé en Dollar, le Tunindex a enregistré une hausse de 9,1% et évalué en Euro, il s’est apprécié de 5,2%. Le Tunindex 20, composé des 20 plus grandes valeurs et les plus liquides sur le marché, a répliqué, quant à lui, la tendance de l’indice Tunindex.
L’indice phare de la Bourse des valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) a clôturé l’année dernière avec une hausse de 6,5%. L’indice « Sociétés Financières » a enregistré la plus forte hausse des indices de super-secteurs, avec un gain de 13,31%. Globalement, le rendement du marché était de près de 7,9% fin 2023, contre une performance de 14,7% une année auparavant.
Émissions marquantes
Selon le rapport annuel de l’activité boursière en 2023, le bilan est acceptable dans l’ensemble, comparé à une situation économique globalement difficile. On impute la résistance du marché pour la troisième année consécutive, principalement à la solidité financière de la majorité des sociétés cotées.
Dans ce contexte, le montant global des émissions réalisées par les sociétés cotées a atteint 797 millions de dinars (MD) pour des opérations réparties entre des emprunts obligataires et des augmentations de capital. Ceci montre clairement les problématiques de la dynamique du marché notamment en termes de profondeur et de volumétrie.
Sous cet angle, la contribution du marché boursier au financement de l’économie peine à atteindre les 10%, la capitalisation boursière étant inférieure à 25% du PIB. Les solutions possibles pour le redynamiser et accroître son rôle dans le financement du développement, ne cessent de faire l’objet des débats des spécialistes loin de la réalité d’activité du marché plombée par une atonie de plus en plus prononcée.
Financement de l’économie
Le manque de dynamisme du marché boursier tient à plusieurs facteurs structurels liés souvent au fait que la plupart des Tunisiens se font une idée fausse, déformée ou réductrice de la bourse. La cause en est souvent une culture économique et financière insuffisante pour en saisir l’utilité et les subtilités.
Casino pour les uns, temple de la spéculation pour les autres, ce lieu virtuel d’échanges reste pour beaucoup réservé aux gens fortunés ou à ceux qui par avidité veulent s’enrichir rapidement. Le pire que tous ces clichés ne sont pas loin de correspondre à la réalité lorsque les marchés financiers dérapent soit à la hausse, soit à la baisse.
Cependant, dans cette confusion, on oublie l’essentiel. La bourse reste indispensable pour financer le développement de l’économie. En Europe, la contribution des marchés dans le financement de l’économie atteint 40%. Elle est de 60% aux Etats-Unis mais le marché boursier tunisien réussit bon gré mal gré à réaliser des acquis indéniables malgré son retard de développement.
Opportunités de développement
Le pays est doté aujourd’hui d’un marché organisé, aligné aux standard internationaux, une structure technique avancée et une expertise dans l’ingénierie financière, toutefois l’essor technique et organisationnel du marché et l’expertise de certains métiers financiers n’ont pas été accompagnés parallèlement par un développement de son rôle dans le financement de l’économie. Également, le marché souffre encore de son étroitesse et de sa petite taille avec une capitalisation boursière de seulement 10 milliards de dollars et une faible contribution dans le financement de l’économie.
Face à toutes ces défaillances, le marché financier doit œuvrer, dans le cadre du plan global de développement et mettre en place sa propre stratégie de croissance. Les principaux axes de cette stratégie doivent viser à renforcer l’offre de titres sur le marché par la prospection de nouveaux émetteurs et l’attrait de nouvelles catégories d’investisseurs grâce à la promotion de nouveaux mécanismes d’investissement, tels que l’assurance vie, la titrisation, la cotation des fonds et bien d’autres.
Il est important de faire passer le financement de l’économie par le marché de 10 à 20 ou 30%, participer à l’amélioration des taux d’épargne nationale pour retrouver les niveaux au moins 2010, soit plus de 21% et accroître la capitalisation boursière du marché pour atteindre 50% du PIB, ce qui permettrait à la bourse de Tunis de passer du statut de marché naissant au statut de marché émergent.