Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La corruption est l’un des fléaux qui gangrène toutes les institutions de l’Etat. Où en sommes-nous dans la lutte contre ce phénomène et que faire pour l’éradiquer?
Comme tout un chacun le sait, le chef de l’Etat a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, et ce, depuis sa première élection en 2019. Lors de sa réélection en 2024, le président de la République, Kais Saied, a affirmé que la guerre contre la corruption n’est pas un slogan, mais une lutte permanente qui doit s’installer dans la durée et dotée de tous les moyens afin d’éradiquer ce fléau et assainir les institutions de l’Etat des corrompus.
En chiffres, ce sont pas moins de 200 hommes d’affaires, responsables politiques et fonctionnaires qui ont été arrêtés dans la cadre de cette guerre contre la corruption durant les cinq dernières années. Pourtant, les Tunisiens ne cessent de découvrir presque tous les jours l’ampleur de ce fléau. Du domaine al Chaal à Sfax aux terres domaniales d’Enfidha en passant par les diplômes falsifiés, les affaires de corruption se multiplient au point de s’interroger sur l’efficacité des moyens mis en place jusqu’ici pour mettre fin à cette pratique qui gangrène tous les rouages de l’Etat. Que faut-il, de fait, faire pour bien lutter contre ce fléau d’autant que tous les Tunisiens misent sur cette nouvelle année de 2025 pour qu’elle soit l’année du décollage ?
Nous avons, à cet effet, posé la question aux Tunisiens et aux experts. A ce sujet, Amir Haj Massoud, juriste, nous a confié : «Bien que des résultats satisfaisants aient été réalisés jusqu’ici dans la lutte contre la corruption, il ne faut pas baisser les bras et continuer à assainir les institutions de l’Etat. Car, tous les indicateurs le montrent, c’est l’administration qui est la plus touchée par ce fléau. Il faut, alors, opter pour l’administration numérique et réduire au maximum le nombre de documents dans la gestion des démarches administratives entamées aussi bien par les citoyens, les entreprises et les investisseurs ».
Prévention et protection…
Depuis 2011, la Tunisie a mis en place plusieurs structures pour lutter contre la corruption dont la fameuse UNLUCC, mais tous ces mécanismes ont montré leurs limites au point que, selon certains observateurs, les cas de corruption ont augmenté après la révolution de 2011. Que prévoit, alors, l’Etat comme mesure pour bien lutter contre ce fléau?
Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi, nous a indiqué: «Dans la lutte contre la corruption, la prévention est très importante. Elle doit être basée sur la sensibilisation et l’encouragement des citoyens à dénoncer les cas de corruption. Ainsi, en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement, le ministère de l’Intérieur prévoit de lancer un système de plaintes dès 2025/2026. Ce dispositif permettra aux citoyens de déposer des plaintes, des propositions ou des évaluations concernant les services sécuritaires locaux et régionaux, favorisant ainsi la transparence et l’amélioration continue des services publics. Une plateforme numérique permettant un suivi en temps réel des requêtes, garantissant ainsi une meilleure réactivité et une traçabilité des réponses apportées par les autorités, sera, également, lancée prochainement. Ce système prendra en compte tout à la fois la gouvernance, l’évaluation et la maîtrise des risques, le volet procédural, le dispositif de surveillance et de contrôle, en plus du dispositif d’alerte…A long terme, il faut œuvrer pour l’instauration d’une culture anticorruption au sein de l’administration et renforcer la confiance entre les différentes institutions de l’Etat et les citoyens ainsi que les autres partenaires ».
M.B.S.M.