Par Hassan GHEDIRI
Si l’hiver 2020 a marqué le début d’une pandémie inédite qui a paralysé le monde entier, l’hiver 2025 risquerait peut-être de voir une infection gastro-intestinale devenir une préoccupation planétaire.
Et pour cause! Une vitesse de propagation anormalement rapide d’une nouvelle souche de norovirus, le virus responsable de la gastro-entérite, appelée aussi la maladie des vomissements hivernaux ou encore «grippe intestinale». C’est en Grande-Bretagne qu’une explosion du nombre de cas depuis novembre dernier suscite les inquiétudes des scientifiques qui considèrent que les infections de norovirus commencent à atteindre des niveaux inhabituellement élevés pour cette période de l’année. La nouvelle souche qui domine les infections a été détectée par l’Agence de sécurité sanitaire britannique et a été baptisée GII.17. Appelée aussi Kawasaki, la nouvelle souche a multiplié par deux le nombre d’infections au Royaume-Uni et elle représente approximativement 70 % de tous les cas d’infection.
Le virus, très contagieux, se transmet indirectement ou directement, via de fines gouttelettes dans l’air, la contamination d’eau potable ou d’humain à humain. Les principaux symptômes au norovirus interviennent 12 heures après l’exposition au virus et se caractérisent par des douleurs et des crampes à l’estomac, la diarrhée, la nausée et dans certains cas des vomissements. Pour éviter d’attraper le norovirus, il est recommandé de régulièrement se laver les mains, de correctement nettoyer ses fruits et légumes avant consommation et de désinfecter des surfaces possiblement infectées.
Terrain favorable
Le norovirus est, en effet, l’une des infections gastro-intestinales aiguës les plus fréquentes en hiver. En Tunisie, les études montrent que ce virus, à côté du rotavirus, est la principale cause de gastro-entérites humaines à transmission féco-orale, tous âges confondus. Une investigation virologique, épidémiologique et clinique des cinq principaux virus responsables de gastro-entérites en Tunisie menée en 2009 a montré que les rotavirus et les norovirus étaient les plus fréquemment détectés dans respectivement 27% et 16% des cas. Les problèmes d’hygiène liés aux difficultés d’accès à l’eau, à la dégradation de la qualité de l’environnement et de la pollution qui se sont accentuées au cours de ces dernières années pourraient constituer un milieu très favorable à une résurgence des infections gastro-entérites.
Cette maladie constitue un problème de santé publique dans le monde d’autant plus qu’il n’existe pas de vaccin ni de médicament qui puissent prévenir une infection à norovirus. Constatant la vitesse de propagation inédite associée à la nouvelle souche, l’OMS vient de placer le norovirus parmi 17 bactéries, virus et parasites pour lesquels de nouveaux vaccins sont nécessaires de toute urgence. La nouvelle liste mondiale de pathogènes endémiques prioritaires de l’OMS pour la recherche et le développement de vaccins s’inscrit dans le cadre de l’objectif du Programme de vaccination 2030 qui vise à ce que chacun, dans toutes les régions, puisse bénéficier de vaccins qui le protègent contre les maladies graves. Il s’agit d’une hiérarchisation des priorités de recherche par laquelle sont identifiés des virus et des bactéries susceptibles de provoquer de futures épidémies ou pandémies, de la même ampleur que le COVID-19. L’OMS regrette d’ailleurs le fait que les décisions mondiales concernant les nouveaux vaccins soient trop souvent motivées par le retour sur investissement, plutôt que par le nombre de vies qui pourraient être sauvées.
H.G.