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L’indépendance de la banque centrale :un enjeu à débattre

La récente proposition de loi visant à amender le statut de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) soulève des interrogations méthodologiques quant à l'avenir de son indépendance.

Ce projet, qui a été déféré à la Commission des Finances par la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple, pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique monétaire et le devenir économique du pays.

Défis de politique monétaire

L'indépendance de la banque centrale a longtemps été considérée comme une approche répandue au niveau de la gestion de la politique monétaire. En théorie, cette autonomie permet à la banque de définir sa stratégie sans ingérence des autorités financières, garantissant ainsi une réponse spécifique aux fluctuations économiques.

Cependant, avec les pressions croissantes pour que la banque centrale finance directement le déficit budgétaire, ce principe semble remis en question. Les députés envisagent d'autoriser des prêts directs au Trésor, ce qui pourrait impacter, dans une certaine mesure, la capacité de la banque à maintenir une politique monétaire restrictive.

La possibilité d'un financement direct par la banque centrale soulève des interrogations quant à la survenance d’une variation propale du niveau de l'inflation. On s’accorde, selon certains points de vue, à dire que le recours à des mécanismes non conventionnels pour financer le budget pourrait engendrer une fluctuation du cours du dinar et une variation de l’indice des prix à la consommation, ce qui se répercute ainsi, d’une manière ou d’une autre, sur les sphères de l’économie réelle via les canaux de transmission monétaires qui sont le taux d’intérêt, le volume de liquidité et le cours de change.

L'inflation, déjà difficilement maîtrisable, pourrait atteindre des niveaux élevés si ces mesures sont mises en œuvre sans limites claires au niveau des marges de manœuvres monétaires et de financement du budget. En effet, certains économistes préviennent que ce type d'intervention pourrait saper la crédibilité de la BCT et alimenter un cycle inflationniste difficile à contrôler.

Principaux avantages

La fin de l'indépendance de la Banque Centrale de Tunisie BCT pourrait présenter certains avantages potentiels pour l'économie tunisienne, bien que ces bénéfices doivent être soigneusement pesés contre les risques associés.

L'un des principaux avantages d'une BCT moins indépendante serait la capacité de l'État à financer directement ses déficits budgétaires. Cela pourrait permettre au gouvernement d'accéder rapidement à des ressources financières sans passer par les marchés internationaux, souvent soumis à des taux d'intérêt élevés.

En période de crise économique, cette flexibilité pourrait offrir un moyen immédiat de relancer l'économie en injectant des fonds dans des secteurs prioritaires tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, favorisant ainsi une croissance plus rapide.

En permettant à la BCT de financer directement le Trésor public, le gouvernement pourrait utiliser cette ressource pour soutenir des projets d'investissement qui stimulent la création d'emplois et favorisent la valeur ajoutée locale. Ce modèle pourrait être inspiré par des approches keynésiennes, où l'investissement public est utilisé comme levier pour dynamiser l'économie.

Au niveau de cette approche, on soutient que cela pourrait contribuer à atténuer le chômage élevé et à améliorer le pouvoir d'achat des ménages en injectant des liquidités dans l'économie.

Un autre avantage potentiel réside dans la réduction de la dépendance de l'État tunisien vis-à-vis des créanciers étrangers. Actuellement, le recours à l'endettement extérieur peut entraîner des conditions strictes imposées par des institutions telles que le FMI, souvent associées à des mesures d'austérité qui peuvent nuire à la croissance et au bien-être social.

En permettant un financement direct par la BCT, le pays pourrait diminuer sa vulnérabilité face aux fluctuations des marchés internationaux et aux exigences des bailleurs de fonds, tout en préservant une certaine autonomie dans ses choix économiques.

Les débats autour de l'indépendance de la BCT ne sont pas seulement techniques ; ils touchent au cœur même du modèle économique tunisien. Alors que le pays cherche avec persévérance des solutions pour stabiliser son économie face aux pressions internes et externes, il est essentiel que les décideurs prennent en compte les implications à long terme de leurs choix sur l'autonomie institutionnelle.

Le choix d’un modèle d’indépendance ou de dépendance de l’institut d’émission est non seulement crucial pour maintenir une politique monétaire efficace, mais aussi pour garantir un avenir économique stable et prospère pour tous les Tunisiens.

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