La gestion efficace des documents et des archives joue un rôle essentiel dans la bonne gouvernance et la protection des droits économiques des citoyens et de l'État. Pourtant, en Tunisie, le secteur des archives souffre d'un manque criant d'attention et d'investissement, avec des conséquences désastreuses sur l'économie.
Etat des lieux
Depuis 2011, la situation des archives dans les administrations tunisiennes s'est nettement dégradée. Des soupçons de destruction et de vols d'archives ont été exprimés, et des rapports font état de pillages, de trafic et d'incendies touchant les archives.
Avant 2011, la Tunisie avait entrepris des efforts pour mettre en place un système archivistique plus efficace, mais il semble que ces progrès font partie de l’histoire. Aujourd'hui, l'accès aux archives reste limité, et leur conservation physique pose de sérieux défis.
Impact sur les droits économiques
Une gestion rigoureuse des archives garantit la transparence dans la gestion des affaires publiques et la disposition des fonds publics. Les documents d'archives servent de preuves irréfutables en cas d'activités illégales ou de corruption. Cependant, le manque de spécialistes a entraîné une baisse dramatique de la qualité des services d'archives, ralentissant les processus de numérisation et d'accès du public.
Les archives permettent également de préserver les droits économiques fondamentaux de tous les acteurs. En cas de litige, elles peuvent servir de preuves décisives. Faute d'archives bien gérées, de nombreux droits risquent d'être bafoués, avec des conséquences désastreuses pour l'économie. Les investisseurs, notamment étrangers, peuvent hésiter à s'engager dans un pays où les archives et les documents ne sont pas sécurisés.
Retard de la digitalisation
Le retard de la digitalisation des archives dans l'administration en Tunisie a un impact négatif sur la croissance économique du pays et cause notamment :
Affaiblissement du système d'information : La négligence des archives affaiblit gravement le système d'information des administrations publiques en Tunisie. Le manque de données fiables et accessibles entrave la capacité des décideurs à prendre des décisions éclairées et efficaces.
Perte de temps et bureaucratie : La mauvaise gestion des archives fait perdre un temps précieux aux fonctionnaires et aux citoyens qui cherchent à accéder à l'information. Cela renforce la bureaucratie et la lenteur des procédures administratives.
Risque de corruption et de dissimulation de preuves : Le manque de traçabilité et de transparence dans la gestion des archives publiques facilite les activités de corruption et permet de dissimuler des preuves de mauvaise gestion. Cela nuit gravement à la bonne gouvernance.
Le retard de la digitalisation des archives en Tunisie freine la modernisation de l'administration, limite l'inclusion numérique et financière, nuit à l'attractivité des investissements, et réduit la compétitivité du pays. Une accélération de la transformation numérique est donc cruciale pour stimuler la croissance économique tunisienne.
Rôle des Archives nationales de Tunisie ?
En théorie, les Archives nationales de Tunisie ont pour mission principale d'œuvrer à la sauvegarde du patrimoine archivistique national en veillant à la constitution, la conservation, l'organisation et l'utilisation de tous les fonds d'archives des services publics et des organismes privés chargés de la gestion d'un service public.
Le conseil scientifique des Archives nationales de Tunisie ne s'est pas réuni depuis...2011
Depuis 2011, le Conseil scientifique des Archives nationales de Tunisie ne s'est pas réuni, un fait alarmant pour une institution dont le rôle dans la sauvegarde du patrimoine archivistique national. Cette inactivité soulève des questions quant à l'efficacité et la pertinence de cette entité dans un contexte où les défis liés à la gestion des archives sont nombreux et pressants.
Malgré le potentiel de développer des solutions numériques, l'adhésion des acteurs économiques et la vulgarisation des solutions restent des défis à surmonter, ainsi que la sensibilisation et la coordination avec les différents services publics et privés. Ces défis entravent la mise en place d'un système archivistique efficace au niveau national et limitent l'utilisation des archives pour la recherche et l'éducation.
Appel urgent à la réforme du secteur
Pour remédier à la situation préoccupante des archives en Tunisie, les experts préconisent plusieurs mesures urgentes. Tout d'abord, il est essentiel d'activer pleinement le rôle des Archives nationales pour accomplir leurs missions de coordination et de contrôle de la gestion des archives dans l'ensemble des administrations publiques.
Ensuite, la réactivation du Conseil supérieur des archives, placé sous les auspices de la Présidence du gouvernement, est inactif depuis 2006, permettrait de garantir l'application stricte des lois sur les archives et de renforcer la transparence dans la gestion des documents publics. Ce Conseil aurait pour rôle de veiller au respect de la réglementation et de lutter contre toute forme de négligence ou de malversation.
Enfin, un investissement massif dans les ressources humaines du secteur des archives est indispensable pour attirer et retenir les spécialistes compétents. Cela permettrait de combler les lacunes en termes de personnel qualifié et de mettre en place un système archivistique efficace et pérenne.