Les obligations vertes sont des titres de créances qui se distinguent nettement des obligations classiques par leur objectif explicite : financer des projets contribuant à la transition écologique. Ces projets peuvent englober une vaste gamme d'initiatives, notamment les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, l'adaptation aux changements climatiques, la préservation de la biodiversité, et bien d'autres encore.
La grande différence réside dans le reporting détaillé exigé des émetteurs d'obligations vertes, qui doivent rendre compte de manière transparente de l'utilisation des fonds et de l'impact environnemental des projets financés. Cela garantit que les fonds sont réellement alloués à des initiatives à caractère vert, conformément aux principes des « Green Bonds Principles ».
Piliers fondamentaux
Les « Green Bonds Principles » sont au cœur du marché des obligations vertes. Ces principes, élaborés par l'Association Internationale des Marchés de Capitaux (ICMA), reposent sur quatre piliers fondamentaux. Tout d'abord, les fonds levés doivent être clairement destinés à des projets à avantages environnementaux évidents.
Ensuite, les projets financés doivent être évalués et sélectionnés de manière transparente et rigoureuse en fonction de leur contribution à la transition écologique. La gestion des fonds doit être réalisée de manière à garantir que les projets respectent les critères environnementaux énoncés dans les principes, et enfin, les émetteurs doivent fournir un reporting régulier et transparent sur l'utilisation des fonds et les impacts environnementaux des projets financés.
Dans un contexte mondial marqué par l'urgence climatique et la nécessité de favoriser le développement durable, les obligations vertes se profilent comme une alternative financière prometteuse.
Ces instruments, émis sur les marchés financiers, sont destinés à mobiliser des fonds spécifiquement pour des projets à impact environnemental positif. En Tunisie, où la transition vers une économie plus verte et résiliente aux défis environnementaux est devenue une priorité, les obligations vertes représentent une opportunité majeure.
Succès indéniable
Le succès des obligations vertes est indéniable. Depuis leur introduction en 2007 par la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le marché des obligations vertes a connu une croissance exponentielle. En 2008, la Banque mondiale a émis sa première obligation verte, mobilisant depuis des milliards de dollars pour des projets liés aux énergies renouvelables, à la reforestation, ou à la protection contre les inondations.
En 2013, l'ICMA a publié les « Green Bonds Principles », standardisant ainsi le marché et fournissant des lignes directrices essentielles pour qualifier une obligation de verte. Le volume total d'obligations vertes émises dans le monde est passé d'environ 1,5 milliard de dollars en 2007 à environ 266 milliards de dollars en 2019, reflétant une croissance fulgurante malgré une pause en 2020 due à la pandémie de COVID-19.
Les obligations vertes en Afrique
En Afrique, les obligations vertes commencent également à gagner du terrain, bien que le marché demeure relativement restreint. Jusqu'à juin 2022, environ 4,3 milliards de dollars ont été émis sur le continent, avec l'Afrique du Sud en tant que leader, suivie du Maroc et du Nigeria.
Toutefois, des économies plus petites telles que le Bénin, ont également embrassé cette source de financement, émettant des obligations en ligne avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Quid de la Tunisie ?
La Tunisie, avec son engagement croissant en faveur du développement durable, est bien positionnée pour tirer profit des obligations vertes. Ces instruments peuvent contribuer à la réalisation des objectifs nationaux de développement durable, notamment la transition vers une économie verte, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et l'amélioration de la qualité de vie de ses citoyens.
De plus, ils permettent de diversifier les sources de financement, d'accroître la transparence, et de renforcer la réputation internationale du pays en tant qu'acteur engagé dans la durabilité.
Cependant, pour que les obligations vertes atteignent leur plein potentiel en Tunisie, plusieurs défis doivent être relevés. Le développement du marché local des capitaux est essentiel, de même que la sensibilisation des acteurs financiers et des entreprises aux avantages de ces instruments. Une collaboration étroite entre le secteur public et privé est nécessaire, avec la possibilité d'offrir des incitations fiscales et financières pour encourager l'émission et la souscription d'obligations vertes.
Les obligations vertes ouvrent de nouvelles perspectives passionnantes pour le financement durable en Tunisie. Elles offrent une voie vers la concrétisation des objectifs environnementaux et sociaux du pays tout en mobilisant des ressources financières pour des projets bénéfiques à long terme. Pour réussir pleinement, cela nécessitera un engagement continu du gouvernement, du secteur financier, et de la société civile pour développer et promouvoir ce marché en pleine croissance, garantissant ainsi un avenir plus vert et plus durable pour la Tunisie.