La production nationale de pétrole brut et de gaz naturel en Tunisie a considérablement diminué à la fin d'avril 2024, soulevant des préoccupations quant à la durabilité des ressources énergétiques au pays.
Cette situation met en avant la nécessité d'explorer les énergies renouvelables comme une alternative viable et durable.
Focus sur la production
La production de pétrole brut a chuté de 13 %, atteignant 449 kilotonnes (kt) à la fin d'avril 2024. Plusieurs champs pétroliers ont été durement touchés don’t Gherib (-36%), Ouedzar (-76%), Nawara et M.L.D (-25%), Baraka (-52%) et El Hajeb/Guebiba (-11%).
En parallèle, la production de gaz naturel, incluant la production nationale et le forfait fiscal, a diminué de 21%, se situant à 715 kilotonnes équivalent pétrole (ktep). La production de gaz commercial sec a baissé de 30%, et la redevance sur le passage du gaz algérien a diminué de 5%.
Facteurs clés
Les champs pétroliers et gaziers vieillissants produisent de moins en moins, nécessitant des investissements considérables pour maintenir leur niveau de production.
Cette situation est aggravée par des infrastructures obsolètes qui nécessitent des mises à jour fréquentes et coûteuses pour rester opérationnelles. Parallèlement, la demande mondiale en énergie est devenue plus volatile, une tendance amplifiée par les répercussions persistantes de la pandémie de COVID-19.
Cette crise sanitaire a entraîné une réduction significative de la demande de gaz en Europe, un marché clé pour les exportations, affectant ainsi indirectement mais substantiellement la production nationale de pétrole et de gaz. Cette conjoncture défavorable souligne l'urgence de diversifier les sources d'énergie et d'investir dans des alternatives renouvelables pour assurer la sécurité énergétique à long terme.
Alternatives et enjeux
Face à cette baisse de la production de pétrole et de gaz, les énergies renouvelables émergent comme une alternative prometteuse. La Tunisie bénéficie d’un ensoleillement abondant, offrant un potentiel considérable pour l’énergie solaire.
Les technologies photovoltaïques et thermiques peuvent être déployées à grande échelle pour générer de l'électricité propre et réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Projets en cours et perspectives
Le 28 mai 2024, à Tunis, le gouvernement tunisien a signé un accord avec un consortium européen pour développer un mégaprojet d'hydrogène vert. Ce projet, baptisé "H2 Notos", sera développé par la joint-venture TE H2, regroupant les groupes français Total Energies, luxembourgeois Eren, et autrichien Verbund.
L'objectif est de produire de l'hydrogène vert à grande échelle à partir d'électricité solaire et éolienne dans le sud de la Tunisie, pour une exportation massive vers l'Europe centrale via un pipeline.
L'investissement initial pour la première phase du projet est estimé à environ 6 milliards d'euros (19,8 milliards de dinars), avec un investissement total prévu de 40 milliards d'euros (132 milliards de dinars) d'ici 2050.
Accord avec le groupe saoudien ACWA Power
Le 31 mai 2024, un autre protocole d'accord a été signé à Tunis avec la société saoudienne ACWA Power, spécialisée dans le dessalement d'eau et le développement de projets d'énergies renouvelables. Ce projet vise à explorer le potentiel de production de 600 000 tonnes d'hydrogène vert par an en trois phases, destinées à l'exportation vers l'Europe.
ACWA Power développera, exploitera, et entretiendra des unités de production d'électricité renouvelable d'une capacité de 12 GW, ainsi que des systèmes de stockage, des lignes de transmission, des usines de dessalement d'eau de mer, des électrolyseurs, et des infrastructures pour se connecter au gazoduc principal. La première phase du projet, nécessitant un investissement de 6,2 milliards d'euros, consistera à installer 4 GW d'unités de production d'énergie renouvelable et 2 GW de capacité d'électrolyse pour produire 200 000 tonnes d'hydrogène vert par an.
Les exportations de l'hydrogène produit utiliseront le corridor South2, un projet de pipeline identifié comme un projet d'intérêt commun par l'Union européenne, reliant la Tunisie à l'Italie, l'Autriche, et l'Allemagne.
La baisse significative de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel en 2024 souligne l'urgence de diversifier les sources d'énergie du pays. Les énergies renouvelables offrent des alternatives viables et durables pour assurer la sécurité énergétique et réduire l'empreinte carbone de la Tunisie. Les projets ambitieux d'hydrogène vert, soutenus par des partenariats internationaux, représentent une étape importante vers une transition énergétique réussie et un avenir plus durable.