Un récent rapport de l'Institut national de la statistique (INS), intitulé « Endettement des agents économiques non financiers : Lecture dans les comptes financiers », offre un aperçu détaillé de la situation de la dette publique au pays. Il a mis en lumière une tendance importante : l'endettement public en Tunisie a atteint un niveau représentant 83% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2022.
Au cours des dernières années, l'encours des titres de créances a augmenté de façon remarquable, passant de 16,8 milliards de dinars en 2015 à 39,6 milliards de dinars en 2022. Cette hausse importante est principalement attribuée à l'essor des émissions de titres étatiques, qui ont représenté 75% des émissions totales nationales en 2022, contre 68% en 2015. Les administrations publiques, en particulier l'État, ont été les principaux émetteurs de ces titres, représentant environ les deux tiers des émissions.
Rôle des sociétés financières
Une part significative de ces émissions est constituée par les Bons du Trésor, largement détenus par les sociétés financières. L'intervention de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a également contribué à cette augmentation, visant à fournir des liquidités aux établissements de crédit confrontées à des besoins accrus, notamment en raison des répercussions économiques de la crise sanitaire du Covid-19.
En parallèle, le recours au crédit demeure la principale source de financement pour les administrations publiques, représentant près de 80% de leurs besoins de financement en moyenne entre 2015 et 2022.
Cependant, le rapport de l'INS souligne une diminution de cette dépendance au fil du temps, passant de 84% des engagements en 2015 à 42% en 2022, avec un pic à 83,4% en 2018. Cette évolution est en partie attribuée à la réduction relative des flux de capitaux extérieurs et des investissements étrangers, principalement en raison des impacts économiques de la pandémie du Covid-19.
Défi pour la stabilité économique
En ce qui concerne la structure de l'endettement, environ deux tiers de l'encours total des administrations publiques ont été contractés à l'étranger au cours des cinq dernières années, bien que cette proportion ait légèrement diminué depuis 2018.
Cette forte dépendance aux financements extérieurs souligne les sensibilités de l'économie nationale et des finances publiques aux facteurs conjoncturels, mettant en évidence l’importance des démarches visant à renforcer la stabilité financière et à réduire cette dépendance à long terme.
L'endettement public en Tunisie représente un défi pour la stabilité économique du pays. Des mesures efficaces doivent être prises pour maîtriser les tendances à ce titre, en diversifiant les sources de financement, en stimulant la croissance économique et en renforçant la résilience financière face aux chocs externes.