L'Afrique a franchi un nouveau palier dans la mobilisation de ressources financières via des obligations ESG (Environnement, Social et Gouvernance) en 2024, battant ainsi tous les records précédents. Cette avancée remarquable a été menée par la Banque africaine de développement (BAD), qui continue de jouer un rôle central dans le développement financier du continent. Cependant, malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux besoins considérables de la région.
Au cours des deux premiers mois de l'année 2024, la valeur des titres d'emprunts internationaux émis par des entités africaines pour des investissements responsables a atteint 4,4 milliards de dollars, soit près de quatre fois le montant total d'obligations ESG émises par la région en 2023, qui s'élevait à 1,4 milliard de dollars.
La BAD s'est démarquée comme le principal acteur de ce marché en Afrique. En janvier 2024, elle a réussi une émission d'obligations sociales d'une valeur de 2 milliards de dollars, suivie par l'émission d'obligations durables hybrides de 750 millions de dollars. Cette initiative audacieuse a été un catalyseur pour d'autres institutions, telles que la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) qui, avec l'aide de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), a émis jusqu'à 500 millions d'euros.
Ces réalisations ont également été accompagnées par l'implication des principaux acteurs financiers internationaux, notamment BNP Paribas, JPMorgan et Bank of America Securities. BNP Paribas domine actuellement le marché africain des arrangeurs d'obligations ESG, avec une part de marché de 17,5%.
Les obligations ESG connaissent une croissance exponentielle en Afrique, alignée sur une tendance mondiale. Moody's estime que la valeur globale des émissions de ce type d'obligations atteindra 950 milliards de dollars en 2024. La BAD, par exemple, a déjà montré son engagement en soutenant des initiatives similaires en Egypte et en Côte d'Ivoire en 2023.
Malgré ces progrès encourageants, les marchés locaux, en construction, rencontrent des obstacles réglementaires et une demande d'investisseurs locaux encore limitée. Néanmoins, des initiatives prometteuses, telles que le lancement des premières obligations ESG dans l'Union monétaire ouest-africaine, montrent un fort potentiel pour le développement futur de ce secteur en Afrique.