Les données récentes de l'Institut national de la statistique (INS) révèlent une évolution marquée de la composition des familles tunisiennes, avec des implications économiques potentiellement profondes.
La Tunisie fait face à un phénomène démographique notable : une baisse significative du taux de natalité.
Chute du taux de fécondité
Lors d'un colloque national sur la famille et les mécanismes de protection, le directeur général de l'INS a exposé les changements observés au sein des foyers tunisiens. Une tendance à la baisse du nombre de membres par famille est constatée, passant de 5 membres au milieu des années 1990 à moins de 4 individus aujourd'hui, avec une moyenne de 3,8 individus par foyer.
Cette diminution est accompagnée d'une chute significative du taux de fécondité des femmes, qui est passé d'environ 6 enfants dans les années 1970 à moins de deux à l'heure actuelle. De plus, l'âge moyen au mariage des femmes a augmenté, passant de 24 ans dans les années 1980 à 30 ans aujourd'hui.
Ces évolutions démographiques sont également corroborées par les résultats du recensement de 2023, qui ont révélé une diminution du nombre de mariages, passant d'environ 110 000 en 2014 à 77 000 l'année dernière. De même, le nombre de naissances a également connu une baisse notable, passant de 225 000 en 2014 à 160 000 en 2023.
Evaluation économique
Premièrement, une diminution de la population active potentielle pourrait affecter la croissance économique à long terme. Avec moins de jeunes entrant sur le marché du travail, cela pourrait entraîner une pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs, réduisant ainsi la capacité de production globale de l'économie.
Deuxièmement, Une diminution du taux de natalité peut également impacter le système de sécurité sociale, notamment en ce qui concerne le financement des programmes tels que les pensions de retraite, surtout avec une population vieillissante.
En Tunisie, le pourcentage de personnes âgées de plus de 60 ans est significatif. En 2022, la population de plus de 65 ans était estimée à environ 1 114 633 personnes. Cette tendance au vieillissement démographique est clairement reflétée dans les données du Recensement Général, qui montrent une augmentation continue de la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, atteignant 14,19% en 2021.
Implications importantes
Cette évolution démographique a des implications importantes sur les finances publiques et sociales. Le « Rapport sur les entreprises publiques, annexé à la loi de finances 2024 », publié par le ministère des Finances début 2024, indique que les résultats nets des caisses sociales ont connu une baisse significative.
Par exemple, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a enregistré un déficit de 1,27 milliard de dinars en 2021, en hausse par rapport à 1,09 milliard de dinars en 2020. Ce déficit s'est encore creusé en 2022, avec un résultat net déficitaire prévu de 961,5 millions de dinars. Le déficit cumulé a ainsi augmenté de manière notable, passant de 2,82 milliards de dinars en 2020 à 5,35 milliards de dinars.
Troisièmement, le secteur des biens et services pour enfants pourrait également être affecté. Avec moins de naissances, la demande pour les produits et services destinés aux nourrissons et aux enfants pourrait diminuer, ce qui pourrait avoir un impact sur les entreprises opérant dans ce domaine.
Enfin, une baisse de la natalité peut également influencer les politiques gouvernementales, notamment en matière de planification familiale, de politiques d'immigration et de soutien aux familles