Une tendance à la hausse du volume des billets et monnaies en circulation c’est-à-dire du cash s'est accélérée récemment et ce, en particulier depuis le second semestre de l'année dernière, franchissant pour la première fois le seuil des 20 milliards de dinars fin juin dernier. Cette augmentation significative soulève des questions et invite à une analyse approfondie des facteurs sous-jacents. Plusieurs éléments ont contribué à cette augmentation spectaculaire de la circulation monétaire en Tunisie.
Le pays a dernièrement atteint un jalon économique majeur avec un record historique dans la circulation des billets et des monnaies, dépassant pour la première fois la barre des 21 milliards de dinars. Selon les données fournies par la Banque Centrale de Tunisie, le montant total en circulation a atteint 21,2 milliards de dinars le 27 février 2024, enregistrant une augmentation notable de 2,3 milliards de dinars par rapport à la même période de l'année précédente.
Le rôle de l’informel
Tout d'abord, une part importante de l'économie tunisienne opère en dehors du système bancaire officiel, favorisant ainsi une demande accrue de liquidités physiques. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Organisation Internationale du Travail (OIT) ont dévoilé les résultats d'une étude approfondie se concentrant sur l'étendue de l'économie informelle en Tunisie. Cette étude vise à éclairer les décideurs publics en fournissant une estimation du poids de l'informalité dans l'économie et en identifiant les facteurs qui sous-tendent les comportements informels. Elle offre également des recommandations et un plan d'action pour accompagner la formalisation de l'économie.
Selon les conclusions de l'étude, la part du secteur informel non agricole dans le PIB non agricole s'élevait à 28,5% en 2020. Ce chiffre est encore plus élevé lorsque l'on considère toutes les activités informelles, y compris le secteur agricole, avec une part du secteur informel dans le PIB d'environ 35,2% en 2020.
Par ailleurs, l'emploi informel a représenté 26,8% de la population active occupée en 2020, soit plus de 910 000 emplois, contournant ainsi le paiement des contributions légales aux caisses de sécurité sociale. Cette proportion est en légère augmentation par rapport à l'année précédente, où elle était de 26,1% en 2019.
Défis multiples
Cependant, il convient de noter que cette augmentation des billets et monnaies en circulation monétaire peut également présenter des risques pour l'économie tunisienne.
Une expansion démesurée de la masse monétaire peut engendrer plusieurs conséquences néfastes sur l'économie. Tout d'abord, elle peut exercer une pression à la hausse sur les prix, alimentant ainsi l'inflation et réduisant le pouvoir d'achat de la population.
De plus, une telle expansion peut entraîner une dépréciation de la monnaie nationale sur les marchés internationaux, rendant les importations plus coûteuses et affectant négativement la balance commerciale du pays. Enfin, cela peut créer des déséquilibres macroéconomiques tels que des déficits budgétaires et commerciaux, compromettant la stabilité financière et la croissance économique à long terme.