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Edito : Mystérieux huis clos ! - Par Kamel ZAIEM

L’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi continue à susciter des interrogations. Du nouveau dans cette affaire, il y en a eu avec cette décision du comité de défense dans l’affaire des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi qui a annoncé, dans un communiqué, ce jeudi 30 janvier 2025, la suspension de sa présence à toutes les audiences du procès lié à l’assassinat des deux martyrs.

Pourquoi une telle décision ? La commission de défense a expliqué qu’elle intervient après avoir examiné le déroulement des dernières audiences dans l’affaire des deux martyrs en première instance et en appel et les nouvelles procédures qui les ont accompagnées, où elle a constaté « un désordre et une précipitation injustifiés dans la conduite de l’affaire, et les pressions sur ses parties qui risquent d’affecter l’essence du suivi judiciaire”, selon ce qui est indiqué dans le texte du communiqué.

La Commission a évoqué « une combinaison de facteurs qui ont transformé les dossiers d’assassinat en de simples dossiers de droit public et ont fait du procès des personnes impliquées un processus technique de responsabilité judiciaire dépourvu de ses dimensions nationales, historiques et politiques ». Et c’est pour ces raisons qu’il a annoncé le boycott de toutes les audiences liées à cette affaire.

Le comité a, dans ce contexte, fustigé l’interdiction du public, et en particulier des journalistes, d’assister aux audiences, estimant que cela porte atteinte au caractère public des procès. Il a également critiqué le recours au procès à distance, ce qui empêche la comparution physique des accusés, interrogés depuis leur lieu de détention via un dispositif audiovisuel, dans une salle d’audience vide. Parmi les raisons du boycott des audiences, selon le collectif, le changement de la composition des instances judiciaires en charge des dossiers d’assassinat, ce qui pourrait nuire au déroulement des procès.

Les avocats de défense craignent de voir certaines personnes, impliquées directement ou indirectement dans ces assassinats, continuer à échapper à la justice. Selon ce comité, parmi les 26 personnes appartenant à l’appareil  secret d’Ennahdha, le principal accusé d’avoir planifié et exécuté ces assassinats, 16, dont Rached Ghannouchi, n’auraient délibérément pas été poursuivis par le ministère public.

Cette action de protestation du comité de défense est à prendre au sérieux. Après l’annonce des verdicts du mois de mars 2024, le dossier ne doit pas être clos car, comme le relèvent des avocats du comité, l’essentiel de cette affaire reste à dévoiler et à rendre public, ce qui ne semble pas être pris en compte avec ces nouvelles mesures qui veulent imposer un genre de « huis clos » à cette affaire, loin des yeux et des caméras ! Le comité ne va pas encore plus loin, mais il semble préoccupé par les tentatives de certaines parties de précipiter les choses et clore ce dossier le plus tôt possible sans en révéler l’essentiel !

C’est dire que ce qui vient d’être décidé pour le déroulement du procès risque de mettre en doute la réelle volonté de dévoiler toute la vérité sur ce qui s’est passé et sur toutes les parties impliquées. Quelle mouche a piqué les autorités compétentes chargées de ce dossier pour « inventer » cette histoire de huis clos ? A quand la fin des tergiversations dans le traitement final de cette affaire ? Les interrogations persistent, au grand dam de la majorité des Tunisiens qui tiennent à connaitre la vérité, rien que la vérité. 

K. Z.

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