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La ministre des Affaires culturelles Amina Srarfi : « L’inscription des arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten à l’Unesco est une première pour notre patrimoine musical »

A l’occasion de l’inscription des arts du spectacle des Twayef de Ghbonten sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi, a présidé, dimanche au Théâtre des Régions-Cité de la Culture, une cérémonie de célébration organisée par le Centre des Arts, de la Culture et des Lettres (CACL) « Palais Ksar Saïd », en collaboration avec l’Institut National du Patrimoine (INP), le Théâtre de l’Opéra de Tunis et la Direction de la Musique et de la Danse.

En présence de plusieurs représentants du corps diplomatique accrédité en Tunisie, du gouverneur de Médenine, Walid Taboubi, de membres de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), ainsi que de nombreuses personnalités de la scène culturelle et artistique, la ministre des affaires culturelles, Amina Srarfi a, dans une allocution, souligné l'importance de cette huitième inscription, qui constitue une première pour notre patrimoine musical à l'international, la qualifiant d’un nouveau joyau qui vient s'ajouter au registre de la Tunisie.

Dans ce contexte, elle a invité toutes les parties prenantes dans ce dossier à accorder davantage d’attention à la préservation du patrimoine tunisien et à valoriser l’identité culturelle, renouvelant ses remerciements à la commission scientifique en charge de la réalisation de ce dossier.

De son côté, le gouverneur de Médenine, Walid Taboubi, a estimé que les arts du spectacle des Twayef de Ghbonten constituent une forme d’expression artistique unique pour le gouvernorat de Médenine, qui le distingue des autres régions.

Dans son intervention, le représentant de la commission scientifique, Imed Ben Soula, a précisé que les arts du spectacle des Twayef de Ghbonten sont une pratique complexe qui allie poésie, chant et rythme, influencée par des courants culturels variés depuis la fin du XIXe siècle, à l’époque de l’abolition de l’esclavage. Il a ajouté que l'élément « Les arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten » inscrit à l’UNESCO a mis en avant l’importance de cette pratique artistique dans l’affirmation de soi, la construction de l’identité et la création de liens sociaux.

Les « Twayef de Ghbonten » et les membres du comité scientifique à l’honneur

Lors de cette cérémonie en grande pompe, la ministre a honoré les membres du comité scientifique en charge de ce dossier composé des docteurs Naceur Baklouti, Imed Ben Soula, Ismahan Ben Barka, Mohamed Jazraoui et Mohamed Néji. Par ailleurs, les chefs (Rayes) des sept groupes des Twayef de Ghbonten exerçant actuellement ont été honorés, à savoir Jemma Zourraga, Mohamed Tlich, Mustapha Aouidet, Mbarek Toumi, Laroussi Dbouba, Mokhtar Aouidat et Habib Toumi, ainsi que Mohamed Bacha, président du comité de gestion du dossier et Wajida Sakouhi, directrice générale du Centre des Arts, de la Culture et des Lettres « Palais Ksar Saïd ».

La célébration a été marquée également par l’organisation d’une exposition photographique mettant en lumière l’histoire et les spécificités culturelles et sociales des Twayef de Ghbonten, suivie de la projection d’un documentaire retraçant le processus d’inscription de ces traditions et pratiques artistiques sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

En point d’orgue, les Twayef de Ghbonten, invités vedettes de cette célébration, ont offert une performance artistique immersive qui a transporté les spectateurs dans l’univers unique de ces troupes de poètes-chanteurs, affiliées à la tribu des Ghbonten. Vêtus de robes blanches et coiffés de chéchias écarlates, ils ont interprété leurs chants accompagnés du chenna, un tambour traditionnel.

En Tunisie, cette pratique remonte au milieu du XIXème siècle, après l’abolition de l’esclavage en 1846. Dans ce contexte de libération, les communautés ont développé cette forme d’expression mêlant influences africaines, berbères et arabes. Aujourd’hui, ces spectacles, autrefois réservés à des contextes traditionnels tels que les mariages, ont dépassé leur cadre initial pour être présentés dans des festivals et événements culturels.

Les femmes jouent un rôle important en préparant les costumes et en brûlant de l’encens avant les spectacles, tandis que les artisans fabriquent les habits traditionnels, tels que les robes, pantalons, chaussures et chéchias. La transmission de cet art se fait de manière informelle, au sein des familles et des communautés, par oralité et observation.

Festive et intergénérationnelle, cette pratique attire également les enfants grâce à son atmosphère ludique et conviviale. Pour les communautés pratiquantes, elle constitue un facteur d’identification, d’unification et un moyen de transmettre les normes sociales, tout en célébrant un riche héritage culturel.

Avec cette nouvelle inscription, le nombre d’éléments tunisiens ayant intégré le patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO s'élève à huit : la poterie de Sejnane (2018), le palmier dattier (2019), le savoir-faire et les pratiques liés au couscous (2020), la pêche à la « chrafiya » (2020), les arts de la calligraphie arabe (2021), la harissa (2022), la gravure sur métal (2023) et enfin l'élément « Les arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten » (2024).

Le Quotidien avec TAP

 

 

 

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