Par Imen Abderrahmani
Pour la clôture de son festival « Echos féministes », l’association « Aswat Nissa » propose pour ce soir à partir de 18h00 « Bye Bye Tibériade » de Lina Soualem. Un film qui colle avec l’actualité en Palestine, en Moyen-Orient et avec le thème de cette édition.
Sorti en 2024, ce long-métrage documentaire pose autrement la question de la résistance, et ce à travers l’histoire personnelle de l’actrice palestinienne de renommée internationale Hiam Abbès et de quatre générations de femmes de sa famille, la famille aussi de la réalisatrice (fille de Hiam Abbès). Exploration des racines, sauvegarde de la mémoire, le film est un acte de résistance contre l’oubli, contre toutes les tentatives du colon, de l’entité sioniste, pour gommer l’histoire de la Palestine et surtout ces petits détails qui font la mémoire palestinienne.
Long-métrage documentaire, « Bye Bye Tibériade » est un livre visuel de souvenirs et d’images d’archives de la famille maternelle de Lina Soualem. C’est un voyage dans la mémoire féminine, dans les zones d’ombre de quatre générations de femmes qui ont été obligées à quitter leur village familial pour s’installer ici et là en Palestine et ailleurs. Restitution de la mémoire, rétablissement des ponts entre le passé et le présent, entre les différentes générations de sa famille, la réalisatrice qui se souvient bien de ses étés passés avec sa grand-mère Neemat à Deir Hanna, en Galilée, donne la parole à sa grand-mère qui a peur qu’avec sa mort, tous les souvenirs et les histoires disparaissent, suit sa mère Hiam Abbès dans la maison familiale… Elle, qu’il y a trente ans a décidé de tout laisser derrière elle pour suivre son rêve américain et devenir une actrice, fuyant un village dans lequel elle étouffe. Un village placé sous l’autorité de l’entité sioniste et où prononcer le mot « Palestine ». Et c’est de cette séparation, de cette décision que Lina Soualem est née à Paris. Allant sur les traces de sa famille maternelle, la réalisatrice a cherché à dissiper des moments de vie flous et une histoire familiale qu’elle ne connaissait pas vraiment. Elle ne garde en tête que ces beaux moments passés avec sa grand’mère. Ouvrant les plaies du passé, donnant la parole aux femmes de sa famille, « Bye Bye Tibériade » résonne bien avec l’actualité.
Au singulier pluriel
Bouleversant récit, riche de de photos personnelles et de vidéos d'époque, le film permet de réaliser à une petite échelle, celle de la famille, et à une grande échelle (la société), les conséquences néfastes et tristes de la « Nakba ». Comme Hiam Abbès, des milliers de femmes palestiniennes souhaitent raconter leurs vies après l’exil et même avant et partager leurs rêves.
Actrice, directrice d’acteurs, réalisatrice, productrice, écrivaine, scénariste et photographe palestinienne, Hiam Abbès est une figure emblématique de la scène cinématographique rabe et internationale avec une carrière riche en réalisations et en consécrations.
«Les histoires racontées par ces femmes dans ce film ne sont pas seulement des histoires de transmission de femme à femme, de fille à mère ou de mère à fille. Elles véhiculent une histoire de personnes privées de leur identité», a déclaré la réalisatrice dans plusieurs points de presse, à l’occasion de la projection de son film.
La projection du film, ce soir, à partir de 18h00, à la salle « Le Rio » sera suivie par un débat sur l’exil, la résistance et la mémoire.
Il est à rappeler que ce documentaire représentera officiellement la Palestine dans la catégorie longs-métrages internationaux des Oscars lors de leur 96e session en 2024… Un beau film à découvrir !
I. A.