Plus qu’un carnet de voyage, « Digressions pragoises » de Hatem Bourial offre à lire un récit où s’entrecroisent l’héritage culturel et historique de deux pays : Tunis et Prague. Le livre et l’auteur sont à rencontrer aujourd’hui à « Fausse note », espace culturel privé à Hammamet de 15h00 à 17h00. Une rencontre orchestrée par le « Club de lecture à haute voix de Hammamet ».
Pour ceux qui n’ont pas visité Prague ou qui n’ont pas une grande idée sur cette grande ville de la Tchéquie, le livre ne peut qu’être une incitation au voyage. Et pour les francophones et surtout les Tchèques qui ne connaissent pas la Tunisie, et qui n’ont jamais déambulé dans la médina de Tunis et respirer ses parfums et ses senteurs que se dégagent de chaque coin, de chaque article d’artisanat exposé ici et là, le livre est une invitation pour se laisser porter par le charme de la Tunisie, de ce beau pays méditerranéen, ensoleillé et bien ancré dans l’histoire.
Journaliste, chroniqueur littéraire, écrivain, animateur de radio, médiateur culturel, Hatem Bourial est également un excellent conteur et un fin connaisseur de l’histoire de tant de villes, de bâtiments et de personnes… des hommes et des femmes de toutes les nationalités, qui ont vécu derrière ces portes et qui ont contribué d’une façon ou une autre à l’enrichissement de la mémoire. Du vécu des Italiens, Français, Maltais, Tchèques…et également Tunisiens, il sait bien parler, toujours preuve à l’appui, croisant les petites histoires personnelles et intimes avec celles collectives et nationales.
Dans son nouveau livre, l’auteur a exploré à sa façon la mémoire de deux pays, rafraichissant les mémoires par de nombreuses petites et insolites histoires comme celle du match affrontant l’équipe de Tunisie et les Bohémiens de Prague, le 4 décembre 1966, au stade Chedly Zouiten à Tunis. « Les joueurs pragoises portaient des maillots vert et blanc. Ils étaient particulièrement incisifs et remporteront le match par 3 buts à 1. Tout ce dont je me souviens avec précision, c’est que Abdallah avait remplacé Attouga dans les bois tunisiens », raconte l’auteur.
Paru aux éditions « La Nef », le livre qui se compose de 80 pages, offre à lire, dans un va-et-vient fluide, des histoires insolites comme cette comparaison entre le couvent Sainte-Agnès dont sa fondatrice la princesse Agnès est « connue pour sa grande générosité et pour son aide aux pauvres, se consacrant à leur santé, faisant de son mieux pour les extirper de la misère ». Hatem Bourial en décrivant ce vieil édifice gothique de Prague nous raconte l’histoire de Aziza Othmana, énumérant ses œuvres caritatives.
Explorant cette mystérieuse connexion entre les deux villes, entre les lieux, les habitants et les histoires, l’auteur en rendant hommage à Alfons Mucha, illustrateur, graphiste, peintre, architecte d’intérieur, décorateur et professeur d’art, également un représentant majeur du style Art nouveau rend hommage à Hatem Mekki, l’un des grands peintres tunisiens et à d’autres miniaturistes tunisiens.
Eveillant les souvenirs du passé, dépoussiérant la mémoire collective surtout en ce qui concerne le quotidien, Hatem Bourial, en se déambulant dans les rues et les ruelles de Prague, nous raconte l’homme qui a été derrière le slogan « Pas un pas sans Bata » qui a envahi le monde et dont plusieurs boutiques en Tunisie portaient cette enseigne. L’ancienne génération se rappelle bien de cette marque de chaussures mais rares sont les personnes qui savaient que derrière cette promesse de chaussures confortables, il y avait Tomas Bata, un entrepreneur tchèque qui envahi le monde avec ses chaussures.
« « Toutes les villes tunisiennes ont eu leur enseigne « Bata » où selon la formule consacrée, le client était roi. Ces chaussures pour toutes les bourses, ont été des plus populaires, pour leur prix, leur qualité et leur design réalisé au sein de l’usine tunisienne de Bata », nous précise Hatem Bourial dans son ouvrage.
Pour plus d’histoires sur Mozart, Dvorak, Sidi Mehrez, Kafka, Belhassen Chedly…, l’auteur vous donne rendez-vous aujourd’hui à partir de 15h00, pour des moments de partage et de voyage dans l’histoire.
Imen Abderrahmani