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Le saviez-vous ? Inhumé dans l'hôpital la Rabta, Dr. Ernest Conseil, tout un combat contre la peste

Alors que l'exode du personnel médical en Tunisie se poursuive, enregistrant une hausse d'une année à une autre et l'hémorragie ne s'arrête pas, dépoussiérons quelques fragments du patrimoine médical tunisien et jetons-nous de la lumière sur l'un des médecins français au parcours atypique qui a marqué de son empreinte la recherche scientifique grâce à ces années passées en Tunisie.

Comme Charles Nicolle, Ernest Conseil, en débarquant à Tunis en 1906, ne savait pas qu'il ne s'agit pas de quelques années à passer dans cette terre d'Afrique mais plutôt d'une vie. Une vie dédiée à la recherche, à l'étude et à la découverte.

Porté par sa passion pour la Tunisie, pays où il a vécu plus que vingt ans et où il a pu mener jusqu'au bout ses recherches, Ernest Conseil a choisi de terminer sa vie à Tunis, là ou il est inhumé. La sépulture qui existe jusqu'aujourd'hui à l'enceinte de la Rabta, hôpital où il a exercé pour de longues années et où il a mené ses nombreux combats médicaux, en témoigne.

Médecin et grand biologiste, Ernest Conseil (1979 à Charleval- 1930 à Tunis), contemporain de Charles Nicolle, de Charles Comte et de nombreux pasteuriens de l'époque, est arrivé en Tunisie en 1906 pour exercer à l’hôpital Sadiki (aujourd’hui hôpital Aziza Othmana). La conjoncture a été délicate avec la propagation de l'épidémie de typhus qui a ravagé la ville. Et C'est ainsi qu'il décide de consacrer sa thèse à cette épidémie.

Que des grands combats

Brillant, encouragé par Charles Nicolle, Ernest Conseil passait ses jours et nuits entre les consultations, l'observation et les recherches qu'il menait dans un petit laboratoire qu'il a aménagé. « Au cours de ces essais, Conseil se contamine par piqûre d’un doigt. Il contracte une ostéomyélite qui met ses jours en danger, le torture pendant des semaines, fait de lui, traîtreusement, un esclave des narcotiques et le laisse infirme d’un bras. » a raconté Charles Nicolle.

La vie sauvée, Ernest Conseil ne baisse pas les bras, poursuivant ses travaux et c'est grâce au soutien de Charles Nicolle, il devient en 1909 directeur du Bureau municipal d’hygiène de Tunis, qui vient d’être créé, et médecin chef du lazaret de la Rabta pour les contagieux.

"Pendant la Grande Guerre, en avril 1915, il va s’engager dans la mission médicale française en Serbie. Affecté à l’hôpital de Valievo, il se trouve vite confronté à une grave épidémie de typhus. Puis, à la fin de 1915, devant la poussée des Autrichiens et des Bulgares, il est obligé à une marche de retraite d’un mois dans des conditions épouvantables à travers les montagnes enneigées du Monténégro. Souffrant de gelures aux pieds, il doit subir l’amputation de plusieurs orteils. De retour à Tunis en 1916, il y poursuit ses travaux et sa collaboration avec Charles Nicolle, parfois empêchés pas ses problèmes de santé. A la fin de 1929 il va encore s’illustrer dans l’épidémie de peste pulmonaire qui menace Tunis", précise de nombreuses sources, mettant l'accent sur le rôle majeur qu'a joué Dr Ernest Conseil dans la lutte contre la peste qui a opté dans sa démarche pour l'isolement des malades puis sur l'isolement en masse, misant, parallèlement au traitement, sur le côté hygiénique, transformant même la prison civile de la ville en lazaret.

Réussissant avec son équipe à sauver Tunis et à freiner l'épidémie, Ernest Conseil a été le héros qui a sauvé la Tunisie d'une catastrophe sanitaire.

Quelques mois plus tard, épuisé, Dr Ernest Conseil tire sa révérence.

Charles Nicolle rend hommage à Conseil

"Nous pleurons le meilleur de nous, un grand Médecin et un grand cœur. Mieux qu'un autre, je pourrais vous parler du Médecin. Nos efforts ont été unis depuis vingt ans; nos idées se sont si intimement mêlées que je ne sais plus, moi-même, dans l'oeuvre commune, ce qu'un y apporta et ce qui revient à l'autre. C'est pourquoi j'ai scrupule d'en parler et je n'en ai pas le courage au moment où le plus jeune quitte l'aîné.

 (...) Dans ce pays, où des nations, des races diverses se pressent avec un désir commun d'union, contre lequel nulles fautes, nulles jactances ne prévaudront, vous avez été le ciment de la concorde.

L'œuvre civilisatrice n'est jamais, hélas ! que l'acte de quelques individus. Vous avez été l'un de ceux là. Vos amis les indigènes le savent. Notre deuil est leur deuil. Vous aviez leur respect, leur dolent sourire. Leurs larmes, les nôtres nous rapprochent.

Soyez béni pour cette communion sur votre tombe.

Si vous comptiez sur plus, sur ce qui paie ici bas le commun des actions des hommes, avantages matériels, honneurs vous n'avez rien reçu. Tous nous en ressentons l'injustice. Elle offense. J'en frémis et je me tais C'est que je crois entendre votre parole indulgente et sereine. Ce jour est vôtre. Soyez obéi de mes lèvres, pour ce jour.

Et puis, vous avez raison. Il suffit d'une œuvre comme la vôtre pour racheter bien des défaillances sociales. Il suffit de quelques hommes comme vous, aux vertus tout humaines, pour qu'on ne désespère pas des hommes.

Merci au nom de tous ceux que vous avez aimés, réconfortés, soulagés, guidés; merci, Conseil", a noté Charles Nicolle dans son discours prononcé, lors des obsèques de Dr. Conseil, le 6 juin 1930.

Imen.A. 

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