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Le saviez-vous ? Kairouan, la ville qui a illuminé la carrière du peintre Paul Klee

Ville mystique, mystérieuse, Kairouan a depuis l’aube des temps changé des destins et éclairé des chemins. Le célèbre peintre bernois Paul Klee est l’un de ceux qui ont vu leur vie basculant, en mettant le pied dans cette ville tunisienne au charme exceptionnel et au souffle spirituel. Déjà 110 ans depuis sa visite, les œuvres de ce peintre et surtout sa relation spirituelle avec Kairouan continuent à inspirer chercheurs et artistes.

 

Né en Suisse et d’origine allemande, Paul Klee, l’un des pionniers de la peinture du 20e siècle a été à la recherche de son chemin, de sa vocation, de l’inspiration… Il avait besoin de changer d’air et d’idées et d’errer sous d’autres cieux et sur d’autres terres. Bouleversé, curieux, il décide de quitter l’Europe pour débarquer en Afrique, précisément en Tunisie, avec deux amis peintres, avec l’espoir de trouver sur cette terre nouvelle racontée dans tant d’ouvrages d’explorateurs et vantée dans les discussions des communautés étrangères. Paul Klee a été presque convaincu à l’époque que sa mère avait des racines « orientales ». Alors, il décide d’aller sur les traces de cet orientalisme qui le fascine, peut-il être il trouvera sa voie. Et c’est ainsi que ce célèbre peintre débute son séjour en Tunisie, en avril 1914. Un voyage qui a changé sa vie d’homme et d’artiste et qui est devenu une référence dans l’histoire de l’art.

Klee fasciné aux portes de Kairouan

Après des visites ici et là à Sidi Bou Saïd, à Hammamet, à Saint Germain (l’actuelle Ezzahra), Paul Klee et ses deux amis August Macke et Louis Moilliet décide de prendre la destination de Kairouan. Paul Klee avait une intuition.

Son intuition se confirme à la vue de cette ville sanctuaire aux nombreux minarets, dômes et  coupoles, devant ces remparts qui témoignent de la glorieuse histoire de la ville, ces champs d’oliviers qui s’étendent à perte de vue et ce beau soleil qui éclaire non seulement le ciel de Kairouan mais l’univers, Paul Klee n’a pas pu résister. Il a eu une sorte d’illumination

 

 

« D’abord un intense délire qui nuitamment culmine dans le mariage arabe. Pas d’impressions isolées, mais un tout. Un extrait des mille et une nuits avec quatre-vingt-dix-neuf pour cent de réalité. Arôme combien pénétrant, enivrant, élucidant à la fois. Repas, mets des plus réels et délicieux breuvages. Édification et ivresse. Du bois parfumé se consume. Pays qui me ressemble ? » a-t-il écrit dans son journal intime qui raconte sa vie jusqu’en 1917 où il fait preuve non seulement d’un grand talent de peintre mais aussi d’écrivain. Souvenirs d’enfance, premières amours, réflexions sur la peinture et la musique, notes de voyages en Italie, en Tunisie, le journal de Paul Klee, publié et traduit, est aujourd’hui une vraie référence pour les chercheurs.

La couleur me possède, je suis peintre…

« L’ambiance me pénètre avec tant de douceur que sans plus y mettre de zèle, il se fait en moi de plus en plus d’assurance. La couleur me possède, je le sais. Point n’est besoin de chercher à la saisir. Elle me possède je le sais. Voilà le sens du moment heureux : la couleur et moi sommes un, je suis peintre » ainsi Paul Klee a décrit ses émotions, cette énergie et cette clarté de vision qui ont envahi son cœur et son esprit et qui ont libéré son pinceau.

 

 

Une expérience existentielle unique qui a permis à ce peintre de trouver sa voie. Le rythme cosmique, la couleur, la lumière, la nature généreuse lors du printemps 1914, ces caravanes qui arrivaient à la ville, ces éléments où le naturel dialogue avec l’humain ont aidé Paul Klee à trouver sa technique, son cachet. « C’est à partir de ce moment quasi initiatique que par une économie de moyens picturaux,  il élabore  la présentification de l’invisible qui sera un élément essentiel  de son processus créateur. Il en donnera le secret et la technique dans sa  fameuse Théorie de l’art moderne. Kairouan fut aussi l’occasion de créer graphiquement le motif urbain dans une spatialité ouverte où la simplicité des courbes, des lignes et des plans, produit  la synthèse dynamique entre l’architecture urbaine et l’architecture du tableau » explique certains historiens de l’art qui ont étudié l’œuvre de Klee.

L’histoire du voyage de Paul Klee en Tunisie n’est pas une aussi ordinaire histoire d’inspiration temporaire, mais c’est une histoire d’imprégnation profonde et durable qui a marqué toute sa carrière. C’est l’histoire d’une rencontre heureuse entre un peintre du nord et une terre du Sud qui lui a donné des racines et des ailes.

Imen ABDERRAHMANI

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