Par Hassan GHEDIRI
Ayant toujours séduit les adeptes de la thalasso qui se font très nombreux à s’y réfugier du froid de l’Europe, la Tunisie ambitionne de devenir le n°1 du tourisme du ben-être dans le mode…
«La Tunisie sera-t-elle bientôt la première destination mondiale de la thalassothérapie?», demande méthodiquement le journal «Ouest-France» dans un article publié le 6 février 2025 dans son guide de voyage (Quand partir). Une question à laquelle répondait presque formellement «News d’Ulysse», une plateforme électronique française dédiée au tourisme, aux voyages et à l’aviation à travers un autre article s’intitulant «Ce pays d’Afrique évince la France et prend le pouvoir en thalassothérapie». Dans l’article, l’auteur explique comme la France, «berceau historique de la thalassothérapie», voit aujourd’hui son hégémonie menacée. «Loin des côtes bretonnes et des centres emblématiques de la côte atlantique, un concurrent inattendu s’affirme avec ambition: la Tunisie. Ce pays d’Afrique du Nord, réputé pour son climat ensoleillé et son hospitalité, mise sur ses atouts naturels et économiques pour séduire une clientèle en quête de soins marins et de bien-être», écrit-on. Et d’expliquer que grâce aux nouveaux investissements dans le secteur et surtout avec une attractivité tarifaire imbattable, «la Tunisie espère renverser la hiérarchie et s’imposer comme le nouveau leader mondial de la thalassothérapie». Un parti très audacieux qui va, selon l’auteur, rebattre les cartes du marché international du tourisme de santé.
Historiquement, l’Hexagone s’est en effet imposé comme une référence internationale en matière du thermalisme, dominant tous ses concurrents et attirant chaque année des centaines de milliers de curistes grâce à des établissements prestigieux, notamment en Bretagne et sur la Côte d’Azur. La Tunisie, qui a su préserver sa deuxième place au podium de la thalassothérapie mondiale malgré les crises ayant durement secoué son tourisme durant ces dernières années, espère toutefois grignoter des parts de marché au détriment de la France. Son fer de lance? Un rapport qualité-prix imbattable. Car, si la France est aujourd’hui numéro Un en matière de thalasso, elle souffre cependant d’un handicap majeur, qui est le coût élevé. Les séjours proposés dans les stations de thalasso de l’Hexagone coûtent en fait trois fois plus cher qu’en Tunisie.
Compétitivité
En moyenne, une semaine de cure dans l’un des centres de thalassothérapie et de spa situés sur le littoral de ce pays de la rive nord de la Méditerranée coûte aux alentours de 3 mille euros, contre seulement 100 euros en Tunisie. Si la Tunisie a bien envie de détrôner son voisin français du haut du podium, c’est parce qu’elle sait aujourd’hui «mettre plus en avant encore son savoir-faire en matière de cures thermales et ses nombreux centres de remise en forme», lit-on dans Ouest-France qui cite l’exemple de la ville thermale de Korbous qui vient de se doter d’un prestigieux nouvel hôtel 5 étoiles comportant un centre de thalassothérapie et un centre thermal haut de gamme. A côté de Korbous, la thalasso est accessible dans toutes les stations balnéaires du pays comme Sousse, Hammamet, l’île de Djerba ou encore Monastir.
Chaque année, la Tunisie reçoit plus d’un million de touristes dans les stations thermales et les centaines de centres de thalassothérapie et de spa des hôtels.
En 2024, les statistiques révèlent une croissance spectaculaire du secteur tunisien. En effet, l’année passée, notre pays a enregistré une hausse de 15 % du nombre de touristes étrangers dans ses centres de thalassothérapie, portant ce chiffre à plus de 1,2 million de visiteurs. Les atouts de ce succès sont multiples. La Tunisie offre une large variété de soins, incluant des thérapies marines, des massages et des traitements à base de boues marines, tout en mettant en avant ses plages de sable fin et son climat méditerranéen agréable tout au long de l’année.
Mais comme nous l’avons déjà souligné, ce qui distingue véritablement la Tunisie est son rapport qualité/prix. En 2024, le coût moyen d’un séjour de bien-être dans un centre tunisien était inférieur de 30 à 40 % à celui des destinations traditionnelles, comme la France ou l’Espagne, sans pour autant sacrifier la qualité des soins. Cette compétitivité tarifaire attire une clientèle de plus en plus nombreuse, notamment en provenance de l’Europe et du Moyen-Orient qui recherchent des prestations haut de gamme à des prix accessibles.
Pour réaliser ses ambitions, la Tunisie mise sur l’extension de ses infrastructures pour répondre à une demande croissante et se positionner définitivement comme un acteur incontournable du tourisme de bien-être. Si cette tendance se poursuit, la Tunisie pourrait bien bouleverser la hiérarchie mondiale du secteur dans les années à venir.
H. G.