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Editorial : Arrêter cette marche aveugle vers l’apocalypse - Par Hassan GHEDIRI

Durant plus de deux décennies, l’État a concentré ses efforts sur la lutte contre le déclin économique et la préservation des acquis sociaux. Cependant, il a laissé, de manière aventureuse, une autre crise bien plus grave, aux effets dévastateurs, détruire, telle une tumeur silencieuse, le droit des générations futures à vivre dans un environnement sain et à jouir d’une bonne santé. De nombreuses études dressent en effet un bilan peu favorable de notre pays concernant la protection de la nature et les moyens mis en place pour lutter contre les menaces écologiques. Une crise financière, quelles que soient son ampleur et ses conséquences, ne serait qu’un épisode mineur et passager dans la vie d’une société, en comparaison avec le destin apocalyptique qui se dessine, nourri par une incivilité citoyenne généralisée, une négligence officielle flagrante et des violations préméditées par les pollueurs publics et privés.

Numbeo, une plateforme internationale de référence qui collecte et analyse des données sur la qualité de vie dans les pays du monde entier, a récemment publié son indice de pollution pour l’année 2025. Cet indice, basé sur des données collectées auprès des citoyens ainsi que d’organisations nationales et internationales, évalue plusieurs facteurs clés, tels que la qualité de l’air, de l’eau et la gestion des déchets. Dans son classement mondial, Numbeo place la Tunisie au 37e rang sur un total de 113 pays, avec un score de 70,08 sur 100. Évalué sur une échelle de 0 à 100, plus le score est élevé, plus la pollution est jugée importante. Ainsi, l’indice de la Tunisie indique clairement une situation environnementale préoccupante, qui exige une action immédiate.

Ce constat ne fait que confirmer une réalité qui perdure depuis bien trop longtemps. La Tunisie a toujours souffert de problèmes de pollution qui n’ont cessé de s’aggraver. Les déchets ménagers et industriels s’amassent dans des décharges sauvages, contaminant les sols et les nappes phréatiques. Les rivières et les côtes sont polluées par les rejets industriels, menaçant la biodiversité marine, vitale pour de nombreuses familles. La pollution n’est pas seulement une question de propreté, mais un véritable problème de santé publique. En Tunisie, les maladies respiratoires, les cancers et les troubles digestifs liés à la pollution sont en hausse, mettant à mal un système de santé déjà fragile. Au-delà des conséquences immédiates, l’impuissance de l’État met en péril l’avenir des générations futures, qui hériteront d’un environnement irréparablement endommagé. Les lois environnementales existent, mais leur application reste faible, voire inexistante. Profitant d’une totale impunité, les industriels continuent de déverser leurs déchets toxiques dans la nature, tandis que de nombreux projets de dépollution, financés à hauteur de milliards par des programmes de coopération internationale, restent lettre morte.

Le classement de Numbeo doit être un signal d’alarme. Fermer les yeux davantage, c’est se diriger aveuglément vers un destin apocalyptique. 

H.G.

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