Par Hassan GHEDIRI
Malgré un «black-out» sur les chiffres, la flambée des contaminations témoigne d’un pic de la grippe hivernale en Tunisie…
Depuis quelques semaines, les cabinets des médecins ne désemplissent plus en Tunisie. En fait, une panoplie de virus respiratoires seraient en train de sévir avec une percée phénoménale de l’influenza. Depuis décembre dernier, plusieurs spécialistes avaient, en effet, alerté sur une quasi-inévitable flambée de l’épidémie de la grippe dans le pays. Il faut dire que ces dernières semaines, le virus de l’influenza n’a pas arrêté de se déployer avec une vitesse de contamination qui a tendance à être dopée par la souche dominante particulièrement virulente mais aussi par la négligence des gestes barrières.
Selon toute vraisemblance, c’est un virus de type H3N2 qui serait actuellement le plus répandu en Tunisie et qui devrait être le responsable de l’intensification de l’épidémie de la grippe constatée par les médecins. L’hiver, qui a débuté cette année avec des épisodes de froid très intenses touchant l’ensemble du territoire, s’est avéré d’emblée propice à la flambée des infections respiratoires aiguës. D’après l’observation et le témoignage de certains médecins, l’épidémie de la grippe est en train de toucher un grand nombre de personnes, particulièrement les enfants. Dans les écoles et les jardins d’enfants, beaucoup d’absences sont constatées à cause de la grippe. Dr Samir Maghraoui, médecin généraliste à Hammam-Lif, qui accueille plus d’une quinzaine de patients entre 17h et 20h dans son cabinet ouvert les après-midi, pense que trois virus grippaux seraient responsables des infections majoritairement diagnostiquées lors de ses consultations. Car, comme dans la plupart des pays de l’hémisphère nord, ce sont le virus de la famille A (le H1N1 et le H3N2) et B (Victoria) qui sévissent depuis le début de la saison grippale. La bronchiolite et le Covid complètent le peloton des infections respiratoires hivernales.
Silence
Le ministère de la Santé publique qui, durant la pandémie provoquée par le virus Sars-Cov2a, a fait des efforts très louables en communiquant régulièrement sur l’évolution de l’épidémie ne diffuse, aujourd’hui, aucune donnée sur la situation épidémiologique liée à la grippe. Ce manque d’informations officielles est une entrave à la bonne sensibilisation de la population d’autant plus que la vaccination antigrippale semblait avoir mal démarré en Tunisie.
Dans d’autres pays où sévit actuellement l’épidémie de la grippe, les autorités sanitaires tachent à diffuser les données actualisées sur le taux d’incidence des infections et es consultations de médecine générale. En France par exemple, un bulletin hebdomadaire sur les infections respiratoires aiguës (grippe, bronchiolite et Covid) est systématiquement publié sur le site web du ministère de la Santé de l’Hexagone. Selon un compte rendu publié le 29 janvier 2025 par TF1 sur la situation épidémiologique en France, l’ensemble des régions de l’Hexagone sont aujourd’hui classées rouge. «Entre le 20 et le 26 janvier, 27,8% de l’activité de SOS Médecins était dédiée à la grippe. Il s’agit de la valeur la plus élevée observée depuis 2010, d’après Santé publique France. La part des syndromes grippaux parmi les consultations est désormais qualifiée de «très élevée», toujours d’après la même source. Il faut noter que la semaine dernière, environ 550 décès liés à la grippe ont été dénombrés dans l’Hexagone.
En Tunisie, en revanche, rien à signaler sur le portail national de la santé en Tunisie (santetunisie.rns.tn. Le dernier bulletin épidémiologique sur la grippe date de 2018. Il s’agit du relevé épidémiologique mensuel sur la grippe saisonnière 2017/2018 élaboré et diffusé par le système de surveillance de la grippe en Tunisie. Sans les chiffres officiels, l’on peut tout de même considérer que la situation épidémiologique de la grippe saisonnière a atteint aujourd’hui son pic. Dr Riadh Daghfous, directeur général du Centre national de pharmacovigilance et président du comité scientifique de la vaccination, a d’ailleurs estimé dans une déclaration à l’agence TAP fin décembre dernier, que le pic épidémique de la grippe devrait s’étaler, cette année, entre fin janvier début février jusqu’au mois de mars.
H. G.