Par Chokri Baccouche
Hip, hip, hip, hourra ! Après mûres réflexions, le président américain s’est ravisé. Il s’est désisté, semble-t-il, de son plan initial qui a créé du reste un tollé international, visant à déporter les Palestiniens, sans droit de retour, et reconstruire Gaza pour la transformer en « Riviera » du Moyen-Orient. La raison de cette volte-face ? Donald Trump s’est dit surpris par la réaction de l’Egypte et de la Jordanie, deux pays qui « reçoivent des milliards de dollars par an » de la part des Etats-Unis mais qui ont rejeté « l’idée lumineuse » du nouveau locataire de la Maison Blanche d’accueillir sur leur territoire les desperados gazaouis. Dans son for intérieur, Trump doit certainement penser à des ingrats qui profitent de la générosité américaine pour arrondir leur fin de mois difficile et maintenir à flot leur économie, mais qui ne donnent rien en retour. Pis encore, ils ont « le culot » de tourner le dos à une « proposition judicieuse » qui aurait pu résoudre le problème. L’affaire est-elle pour autant définitivement close, de sorte qu’on ne pourra plus à parler de cette idée en « Trump » l’œil, sans queue ni tête, aussi farfelue que politiquement et moralement incorrecte et inacceptable? Pas si sûr ! Une fois sortie par la petite porte, la même idée rentre en effet par la fenêtre vêtue d’une tenue de camouflage loufoque d’une incroyable naïveté, que même un arriéré mental pourrait détecter à mille lieux à la ronde. « Le plan pour Gaza est bon, mais je ne l’impose pas et je le recommanderai, et après cela, les Etats-Unis deviendront propriétaires du lieu » a déclaré, en effet le patron de la Maison Blanche, vendredi dernier à Fox News Radio, en référence à Gaza.
Changement de ton donc, mais pas d’intentions. La « populace mondiale » est mécontente ? Qu’à cela ne tienne ! On peut toujours lui rendre le sourire en adoptant le comportement de l’anguille, ce bel animal connu pour sa viscosité. La particularité de cette poiscaille c’est qu’elle est insaisissable à main nue. Elle vous file entre les doigts en affichant un large sourire narquois entre les lèvres comme pour signifier :« Hep mon gars, c’est pas de chance, tu as gagné un cocotier ! A la prochaine et sans rancune hein ! ». Tout cela pour dire que Trump s’amuse à louvoyer. Il fait mine de se désister mais tient en réalité à « sa Gaza » comme la prunelle de ses yeux. Vaille que vaille et coûte que coûte. N’en déplaise à cette « bande de morpions droit-de-l’hommistes» et autres défenseurs de la légalité internationale qui font de la résistance inutile. L’acte de propriété portant le sceau américain de l’enclave palestinienne est déjà signé et c’est le président américain en personne qui le dit.
Après le Canada, promis pour devenir le 51ème Etat américain, le Canal de Panama promis pour revenir dans le giron du pays de l’oncle Sam, le Groenland danois qui va passer sous peu sous la « bannière étoilée multi-bandes », c’est au tour de Gaza, la future « Riviera du Moyen-Orient » de connaitre le même sort funeste. Sans chichis si possible, histoire de ne pas perturber la sérénité de son auguste majesté. Que veulent de plus les peuples du monde ? Moins d’un mois après son investiture officielle, Donald Trump ne fait pas dans le détail pour déclencher son cataclysme planétaire dans une sorte de démocratie du chaos qui place tous pays, quels que soient leur confession religieuse ou leur appartenance idéologique ou culturelle sur un pied d’égalité.
Le comble c’est que le rouleau compresseur américain n’a pas fini encore sa course et ne semble pas prêt de s’arrêter. La preuve : Après la proposition de Donald Trump de renommer le Golfe du Mexique en «Golfe d’Amérique», Elon Musk, considéré comme la muse inspiratrice du président U.S a suggéré récemment de rebaptiser la Manche en «Canal George Washington». Cette sortie du patron de Tesla et SpaceX a suscité une nouvelle polémique et fait grincer bien des dents, comme on peut le deviner, chez les Bristish. Elle est d’autant plus étonnante et difficile à digérer que le bon vieux Georges Washington, le père –fondateur de la nation américaine, n’a jamais traversé la Manche. Ni en bateau, ni à la nage d’ailleurs. Mais qu’importe : pour Trump et son équipe de joyeux larrons en folie, Washington « doit » passer par là et marquer le territoire comme le font les grands félins en soulageant leur vessie sur un tronc d’arbre ou un bouquet d’acacias dans la savane africaine. On vous l’avait dit : Georges Washington n’a jamais traversé la Manche, tout comme il n’a jamais recommandé à ses descendants de traiter les autres peuples comme des canards sauvages, mais cela n’empêche pas la nouvelle équipe au pouvoir outre Atlantique de mener le monde… en bateau. A part cela, tout va pour le mieux Madame la Marquise…
C.B.