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Interdiction des chèques antidatés : Quelles alternatives pour dépanner la consommation ?

Par Hassan GHEDIRI 

La nouvelle loi sur les chèques en Tunisie, bien que nécessaire pour renforcer la sécurité des transactions, impose de repenser les moyens de paiement... 

La mise en vigueur le 2 février 2025, de la loi ultra-restrictive encadrant l’échange des chèques, semble donner un grand coup de frein à la consommation des ménages tunisiens, déjà mise au ralentie par le renchérissement du coût de la vie et les difficultés d’accéder aux crédits. Cette réforme destinée à combattre la fraude par le biais des chèques sans provision, a, illico presto, acté la fin des chèques antidatés. Il s’agissait pourtant du «moyen de paiement» qui a toujours permis à des milliers de Tunisiens de s’en tirer avec leurs revenus modestes grâce aux achats échelonnés qui permettent d’acquérir des meubles et des équipements électroménagers. Cette mesure, bien que visant à renforcer la sécurité des transactions, a réduit la marge de manœuvre des consommateurs qui utilisaient largement ce moyen de paiement pour échelonner leurs achats. 

En effet, les chèques représentaient une solution pratique pour des milliers de ménages tunisiens, permettant de gérer leur budget en différant les paiements. Selon les données de la BCT, en 2024, plus de 60 % des transactions commerciales de moyenne et grande valeur étaient encore effectuées par chèque, témoignant de l’importance de cet instrument dans l’économie locale. Cependant, face à ces nouvelles restrictions, il devient urgent de trouver des alternatives pour soutenir la consommation et éviter un ralentissement économique.

Plusieurs pays dans le monde ont déjà réussi à remplacer progressivement le chèque par des solutions de paiement en plusieurs fois, plus modernes et adaptées aux besoins des consommateurs. La France, par exemple, a vu l’usage des chèques diminuer de manière significative au profit des cartes de crédit et des systèmes de paiement échelonné. En 2023, seulement 8 % des transactions en France étaient effectuées par chèque, contre plus de 50 % il y a vingt ans. Les banques françaises ont développé des offres de crédit revolving et des options de paiement en plusieurs fois sans frais, permettant aux consommateurs de régler leurs achats en trois, quatre ou même douze mensualités. Ces solutions ont non seulement dynamisé la consommation, mais ont également réduit les risques de fraudes liés aux chèques.

Réussir la transition

Beaucoup de pays africains ont également fait des progrès dans la réduction de l’usage des chèques, non sans, toutefois, investir dans des solutions de rechange.  Le Kenya et le Nigeria par exemple, ont réussi la transition grâce à des solutions de paiement mobile. Plusieurs plateformes de paiement ont été créées permettent aux utilisateurs de régler leurs achats en plusieurs fois via des microcrédits instantanés. En 2023, plus de 80 % des transactions au Kenya étaient effectuées via des solutions numériques, contre moins de 5 % par chèque. Cette transition a non seulement boosté la consommation, mais a également permis à des millions de personnes d’accéder à des services financiers formels pour la première fois.

Pour la Tunisie, ces exemples offrent des pistes inspirantes. Les banques tunisiennes devraient développer des offres de paiement échelonné intégrées aux cartes de crédit ou aux applications mobiles. En permettant aux consommateurs de régler leurs achats en plusieurs fois sans frais supplémentaires, elles stimuleraient la demande intérieure qui constitue un des piliers essentiels de la croissance économique. Ces solutions qui permettent de réduire considérablement les risques de fraudes et de litiges liés aux chèques, aide en même temps à moderniser le système bancaire tunisien.

L’adoption de ces alternatives aurait un impact positif sur l’économie tunisienne. En facilitant l’accès au crédit et en offrant plus de flexibilité aux consommateurs, elles encourageraient les dépenses dans des secteurs clés comme l’électronique, l’ameublement ou l’automobile. Une étude récente a montré que les pays où les solutions de paiement en plusieurs fois sont largement adoptées connaissent une augmentation moyenne de 5 à 10 % de la consommation des ménages. En Tunisie, où la consommation représente environ 70 % du PIB, une telle dynamique pourrait relancer la croissance et créer des emplois.

H.G. 

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