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Aide-toi, le ciel t’aidera - Par Jalel Hamrouni

Ces derniers jours, la Syrie est au centre de l’actualité internationale. En fait, Damas aiguise toutes les convoitises. L’afflux des délégations étrangères sur l’aéroport international de Damas en témoigne. Faisant la queue devant le palais présidentiel dans la capitale syrienne, ces délégations se pressent afin d’avoir leur part de la tarte. 

L’enjeu est, sans doute, crucial pour toutes les puissances régionales et internationales en Syrie où tous les intérêts géopolitiques se croisent. 

La nouvelle direction syrienne, qui tâte encore le terrain de la démocratie et de la liberté dans un pays déchiré par une décennie de guerre civile sanglante, se trouve à la croisée des chemins entre les pressions étrangères et les aspirations populaires. 

La Turquie voisine était le premier à se féliciter de la chute de Bachar Al Assad. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que la situation en Syrie est considérée par la classe politique turque comme une question nationale, étant donné que les deux pays partagent environ 950 kilomètres de frontière, en plus des relations historiques et culturelles entre les deux pays. À cela s’ajoute l’inquiétude d’Ankara quant à la possibilité de l'émergence d'une entité séparatiste dans les zones à l'est de l'Euphrate. 

De leur côté, la plupart des dirigeants occidentaux se sont concentrés, depuis les premiers jours de la fuite de Bachar al-Assad, sur la nécessité de mener un processus de transition politique inclusif et représentatif de toutes les composantes, en plus de protéger les minorités, de garantir les droits des femmes et de lutter contre le terrorisme.

Il existe un consensus parmi la plupart des hommes politiques occidentaux sur le fait que les relations de l’Occident avec la Syrie après la chute du régime d’Assad sont déterminées par un ensemble de facteurs. La priorité des priorités des Occidentaux est, sans doute, la garantie de la sécurité d’Israël. Ainsi, il n’est pas étonnant que le chef de la diplomatie française demande aux nouveaux dirigeants syriens la destruction des stocks d’armes chimiques constitués par le régime de Bachar Al-Assad. 

D’autre part, le renversement du régime d’Al a conduit à la modification de l’équilibre des pouvoirs et les règles du jeu dans la région du Moyen-Orient et à réorganiser sa carte d'une manière qui accroîtrait l'influence des États-Unis pour y réaliser leurs objectifs politiques et économiques.

La présence américaine et la communication directe avec la nouvelle direction syrienne reflètent la volonté des États-Unis de ne pas laisser passer l’occasion qui leur permet de récolter les fruits et les bénéfices de ce qui a été réalisé en Syrie et de tracer une nouvelle carte pour l’avenir des États-Unis et d’Israël après la fin de la période d'influence russe.

Cependant, la prochaine étape au Moyen-Orient ne sera ni fluide ni flexible, c'est pourquoi l'administration américaine a eu recours à des contacts directs avec Hay'at Tahrir al-Sham, même si elle continue de la classer parmi les organisations terroristes. 

Les Occidentaux se sont concentrés sur des exigences, ou plutôt des conditions, centrées sur la nécessité d'impliquer toutes les composantes de la société syrienne dans les aspects de la gouvernance, qui ne doit exclure personne, tout en respectant les droits des minorités, et en veillant à ce que la Syrie ne se transforme en une arène pour les organisations terroristes. La levée progressive des sanctions occidentales imposées était liée à la Syrie et au retrait du nom de Hay'at Tahrir al-Sham de la liste des organisations terroristes, en fonction de l'ampleur des progrès réels dans la réalisation de ces conditions.

Après leur libération du régime d’Assad, les Syriens attendent également avec impatience d’être libérés des forces de tutelle extérieures, afin de pouvoir construire une nouvelle république, dans laquelle ils ne seront pas exclus des équations politiques et ne seront pas contrôlés par des puissances régionales et internationales qui ne veillent qu’à à leurs intérêts.

La nouvelle autorité syrienne doit se rendre compte qu’elle traverse des champs de mines. Elle doit donc être extrêmement prudente et œuvrer à équilibrer sa dépendance à l’égard de l’intérieur pour faire face aux exigences des puissances extérieures. 

J.H.

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