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Economie : 2025 sera-t-elle l’année du décollage?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Tous les Tunisiens misent sur cette nouvelle année de 2025 pour voir le pays rompre avec la stagnation économique et reprendre avec la croissance. Et il y a de quoi y penser.

L’instabilité politique qu’a connue la Tunisie depuis la révolution de 2011 n’a pas aidé à résorber les faiblesses structurelles de l’économie. Et d’année en année, le principal souhait des Tunisiens est de voir l’économie nationale renouer avec la croissance. Cette nouvelle année de 2025 sera-t-elle, de fait, la bonne? 

L’année dernière, plusieurs corrompus et blanchisseurs d’argent ont fini en taule. Des entreprises communautaires ont vu le jour et leur nombre est en voie de s’accroître. Les appréciations et notations des institutions spécialisées promettent un redressement progressif qui reste tributaire d’une gestion plus consistante. Ainsi, l’on se demande à quoi pensent nos économistes si on cherche à trouver le bon chemin de la croissance. On dit qu’un économiste est un éclaireur, quelqu’un dont l’opinion n’est pas commune parce qu’elle sort des sentiers battus et engage le débat d’analyse financière loin du boucan des ragots. Comment, de fait, réaliser ce souhait et quelle est la recette préconisée par les économistes? 

Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi, nous a indiqué: «De prime abord, il faut analyser les indicateurs actuels. En effet, le dernier rapport de la Direction générale du trésor nous apprend que les vulnérabilités structurelles ont amplifié l’impact des chocs exogènes subis depuis 2020 (crise du Covid, crise énergétique) et limité le rebond de l’activité. Après -8,8% en 2020, +4,4% en 2021 et +2,5% en 2022, la croissance en 2023 a été nulle et les prévisions pour 2024 s’établissent autour de +1,2%, ce qui fait que la Tunisie n’a pas encore retrouvé son niveau d’activité d’avant Covid (2019). Cette atonie de l’activité s’explique notamment du côté de l’offre par les conséquences de plusieurs années de sécheresse qui pèsent sur la production agricole, et par un ralentissement de l’activité industrielle en raison d’une faible croissance en Europe. Du côté de la demande, celle intérieure souffre des difficultés du pouvoir d’achat des ménages et de l’investissement privé dans un contexte de coûts de financement domestiques élevés et de manque de visibilité à long terme sur les perspectives économiques. Les risques sociaux sont accentués par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, les pénuries de produits de base et un chômage encore élevé. De 4,9% fin 2020, l’inflation est montée jusqu’à un pic de 10,4% en février 2023 et baisse lentement depuis lors (6,6% en novembre 2024). Pour renouer, alors, avec la croissance, il faut engager les réformes nécessaires et profiter aussi bien des éléments naturels (une bonne pluviométrie) et de la conjoncture mondiale favorable à la croissance».  

Explication… 

Tout laisse croire que l’économie sera la priorité absolue pour le gouvernement durant cette année 2025. En témoigne la dernière déclaration du président de la République, Kaïs Saïed, lors de son allocution au peuple tunisien à l’occasion du jour de l’an. Le chef de l’Etat a, en effet, appelé tous les acteurs économiques à redoubler d’efforts pour que 2025 soit l’année du décollage. Pour l’expert Mohamed Salah Jennadi: «L’accélération des réformes (en particulier celles visant à améliorer la gouvernance des entreprises publiques, le climat des affaires et le contrôle des dépenses courantes) pourrait stimuler la croissance et inverser la trajectoire de la dette. D’autres mesures que la Tunisie pourrait mettre en œuvre pour accélérer la transformation structurelle comprennent le rétablissement de la viabilité des finances publiques afin d’obtenir le soutien des partenaires de développement et d’améliorer la perception des risques par les investisseurs; l’accélération de la mise à niveau de l’industrie; l’amélioration du climat des affaires; le développement du capital humain; la facilitation de l’accès au financement et à la formalisation pour les micro, petites et moyennes entreprises; et la numérisation et le renforcement de la résilience de son économie. L’agriculture doit être, également, au centre des réformes en optant pour un nouveau modèle basé sur une agriculture durable et bio compte tenu de la forte demande sur les marchés internationaux. La bonne pluviométrie enregistrée jusqu’ici pourrait aussi laisser entendre que la saison agricole s’annonce plus que prometteuse». 

M.B.S.M.

 

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