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Il s’est multiplié par trois en un an : Le déficit commercial de Tunisie s’envole et alimente les inquiétudes …

Par Hassan GHEDIRI

Pour renverser la tendance, la Tunisie doit moderniser ses infrastructures, encourager l’innovation et investir dans les métiers et les secteurs porteurs… 

Selon le nouveau bulletin de l’Institut National de la Statistique (INS) publié mercredi 12 février 2025 sur le commerce extérieur, la Tunisie a vu son déficit commercial se creuser à 1765 millions de dinars au mois de janvier 2025. Son déficit a donc triplé par rapport à la même période de 2024 lors de laquelle le déficit était de 577,6 millions de dinars. Une dégradation qui réduit le taux de couverture en l’emmenant à 74% contre 90% l’année passée. 

Ce creusement s’explique principalement par la détérioration du solde des échanges des produits énergétiques puisque, toujours selon les chiffres de l’INS, les exportations du secteur de l’énergie en Tunisie ont reculé de 52,8% sous l’effet d’une chute des ventes de produits raffinés et ce malgré la (petite) embellie du secteur des mines, en l’occurrence de phosphates et dérivés dont les exportations ont affiché plus de 20% de hausse au mois de janvier. En même temps, les importations des produits énergétiques ont en revanche bondi de 24% suite à l’augmentation des achats des combustibles (1219,2 millions de dinars contre 623,2 millions de dinars en janvier 2024). 

Ceci dit, la dégradation du solde des échanges de produits énergétiques continue à alourdir la facture énergétique du pays ce qui nécessite l’accélération de la mise en œuvre des réformes adéquates. Car au-delà des chiffres, ce déficit relève des faiblesses structurelles qui aggravent les vulnérabilités de l’économie tunisienne. En effet, les experts ne cessent de pointer du doigt le manque criant de diversification des exportations. La Tunisie dépend énormément aux secteurs traditionnels tels que le textile et l’agroalimentaire qui s’exposent à une concurrence féroce et des prix volatils. Près de 70% des exportations de la Tunisie sont axées sur des secteurs à faible valeur ajoutée, ce qui limite grandement la capacité du pays à générer des revenus importants et durables. Mais c’est la dépendance énergétique qui pèse lourd dans la balance commerciale de la Tunisie. 

Frein majeur

Avec un modèle énergétique dominé par le pétrole et du gaz importés, la Tunisie est très affectée par les chocs des prix et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, d’où la nécessité d’accélérer sa transition vers les énergies renouvelables pour réduire sa dépendance et sécuriser son approvisionnement. La faible intégration dans les chaînes de valeur mondiales constitue par ailleurs un frein majeur. Si la balance commerciale de la Tunisie avec l’Europe (notamment avec la France, l’Allemagne et l’Italie) demeure globalement excédentaire, les échanges avec certains pays, notamment la Chine, la Russie, l’Algérie et la Turquie, affichent un déficit important, soulignant les faiblesses de la compétitivité tunisienne dans certains secteurs-clés. Le commerce avec la Chine, par exemple, reste largement déficitaire, la Tunisie étant un importateur net de biens manufacturés et de produits technologiques.

La question qui se pose est celle de savoir, comment la Tunisie pourrait renverser la situation et augmenter ses exportations tout en réduisant son déficit? Un axe majeur réside dans l’identification et la mise en valeur des secteurs ayant une forte valeur ajoutée. À ce titre, beaucoup d’experts s’accordent à dire que la transformation numérique et l’innovation doivent devenir des priorités pour le pays. En particulier, les secteurs de la technologie, de l’intelligence artificielle et des services numériques qui peuvent constituer un levier de croissance pour les exportations tunisiennes. Mais cela nécessite un soutien structurel conséquent. L’industrie manufacturière tunisienne, notamment les textiles et les produits électroniques, offre également un potentiel inexploité. Ces secteurs connaissent une véritable relance, la Tunisie doit moderniser ses infrastructures, encourager l’innovation et investir dans les métiers et les secteurs porteurs.

H. G.

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