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Affaire de l’avion Tunis-Montréal endommagé par un camion de catering le 2 novembre 2024 : Et s’il n’y avait que des boucs émissaires?

Par Hassan GHEIDIR

Apparemment, tout ce qui a été dit sur l’accident survenu début novembre sur le tarmac de l’aéroport Tunis-Carthage était au-delà de la vérité.

Pour rappel, le samedi 2 novembre 2024, la compagnie aérienne nationale a annoncé l’annulation d’un vol long courrier Tunis-Montréal après plusieurs heures de retard. Une décision qui a provoqué l’ire des passages qui sont restés bloqués à Tunis et aussi ceux qui attendaient à Montréal. Il faut également souligner que durant plusieurs jours de fin octobre, beaucoup de retard a été signalé sur les vols de Tunisair depuis Tunis et en provenance de nombreux autres aéroports en Europe. L’incident du 2 novembre a été considéré comme la goutte qui a fait déborder le vase, poussant le ministre du Transport à se déplacer dans la nuit de samedi-dimanche dans les lieux de l’incident inspectant par la même occasion les conditions dans lesquelles opéraient les différents services d’assistance aéroportuaire de Tunisair. Après cette visite, le ministère du Transport a annoncé, le 6 novembre 2024, le limogeage de quatre directeurs généraux de Tunisair-Technics, Tunisair catering, le secrétaire général de Tunisair et le chargé de la direction centrale du produit. Entre temps, une enquête avait été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident et infliger les sanctions appropriées.   

Dans une première version des faits qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux suscitant l’indignation de l’opinion publique, l’on avait prétendu que le camion de Tunisair-catering avait violemment percuté l’avion. Certains avaient présumé que son conducteur était en état d’ivresse. Dans une version plus officielle des faits l’on avait expliqué que l’équipe déployée par Tunisair catering pour charger les plateaux de repas pour les passagers et les membres de l’équipage n’a pas respecté les consignes de sécurité en ce qui concerne la hauteur de l’engin par rapport au seuil de la porte de l’avion. La plus grande vigilance est en effet nécessaire dans ce type d’exercice, et ce, à cause du risque du choc pouvant abimer des composantes particulièrement importantes pour la conduite du vol. 

Exécution des ordres

Dans la réglementation internationale de l’aviation, un guide de procédure détermine des vérifications spécifiques et indispensables à faire avant le chargement et le déchargement, qu’il s’agisse de passagers ou de marchandises. Lors du chargement et du déchargement de l’avion, le poids de l’appareil évolue. Tout comme une voiture, un avion est doté d’amortisseurs qui seront plus ou moins compressés selon la charge à bord. Pendant la phase de chargement (l’opération lors de laquelle a eu lieu l’accident de l’avion Tunis-Montréal le 2 novembre 2024), la hauteur au niveau du seuil de la porte varie pouvant atteindre 15 centimètres sur certains types d’appareil et jusqu’à 30 cm sur un Boeing 777 par exemple. La plus grande vigilance est toujours nécessaire face à ce changement de hauteur. D’après ce qui a été rapporté par les enquêteurs, l’équipe qui manipulait le camion de catering a commis l’erreur impardonnable de ne pas respecter cette règle de la chaîne de sécurité. Trois agents formant cette équipe se sont trouvés derrière les barreaux. 

Jaouher Arous, 22 ans, est l’un des trois agents de manœuvre relevant de Tunisair Catering auxquels ont avait reproché une négligence jugée grave des consignes de sécurité. Deux mois depuis son arrestation, son père, Néji, croit dur comme fer qu’il ne mérite pas son sort. Il espère d’ailleurs toujours qu’un non-lieu sera prononcé en sa faveur ainsi que ses deux autres collègues. Néji Arous est venu dans nos locaux défendre la cause de son fils muni des preuves qui ne laissent pas l’ombre d’un doute, selon lui, que Jaouher et ses camarades ont fait correctement leur travail. Photos à l’appui, le père de Jaouher nous a montré que pendant le chargement des plateaux de repas à bord dudit vol Tunis-Montréal, un autre véhicule appartenant aux services de handling était en train de charger les bagages. Deux opérations qui ne pouvaient et ne devaient pas se faire simultanément, selon lui. C’est le chef d’avion qui était, semble-t-il, harcelé par ses supérieurs à cause du grand retard accusé par ce vol et le mécontentement grandissant des voyageurs qui avait pris ce risque. Les agents du catering ainsi que ceux du handling qui chargeaient six contenaires de marchandises et des centaines de valises de voyageurs n’ont fait qu’exécuter les ordres émanant de leur hiérarchie respective. Un choc entre l’avion et le véhicule de catering devient ainsi presque inévitable, d’autant plus que l’appareil est chargé de près de 60 tonnes de kérosène. Néji Arous n’a en aucun moment douté que son fils et ses collègues sont des victimes auxquelles on a fait endosser l’entière responsabilité de l’accident. 

H. G.

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