Le taux d'endettement extérieur par rapport au PIB en Tunisie a connu une hausse continue depuis le début des années 80 en lien avec la crise économique et le plan d'ajustement structurel imposé par le FMI (dévaluation du dinar, privatisation, encouragement de l'investissement privé). Cette hausse de l'endettement extérieur s'est accrue entre 1984 et 1986 augmentant de 49% à plus de 65%.
C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de l’Observatoire Tunisie de l’Economie (OTE) intitulé « L’impact des ajustements structurels sur l’endettement extérieur ».
Le rapport indique qu’après la crise économique et le plan d'ajustement structurel de la fin des années 1980, le quotient Dette/PIB a sensiblement baissé, notamment grâce à une augmentation du PIB, atteignant les 40,7% en 2010. La phase suivante s'est caractérisée par une trajectoire stable de l'endettement extérieur avec des taux compris entre 45% et 50%.
Cependant, peu après, la hausse de l'endettement extérieur de la Tunisie a été remarquable, en particulier après le premier accord de confirmation avec le FMI en 2013, suivi d'une deuxième augmentation après l'accord de mécanisme élargi de financement en 2016, précise-t-on. La dévaluation du dinar a doublé le stock de la dette publique extérieure, qui est passé de 29,9 milliards de dinars à 60,2 milliards de dinars en 2018 et provoque la hausse du taux de l'endettement.
L’OTE note que la dette des pays du Sud est souvent pointée du doigt par le FMI comme un signe de mauvaise gestion des finances publiques. Toutefois, ceci n’a pas toujours été le cas puisque les pays du Sud avaient été encouragés à s’endetter durant les années 60 et 70 pour mener à bien leurs politiques de développement sous surveillance… Jusqu’à la « Crise de la Dette » !
La Dette est devenue alors une épée de Damoclès suspendue au-dessus des pays du Sud : d’une part la nécessité d’appliquer les réformes contre l'obtention de prêts en devises des institutions financières internationales et la nécessité d’emprunter afin de maintenir l’équilibre des balances des paiements, d’une autre part un emprunt toujours pointé du doigt par le FMI.
L’ajustement semble en réalité être un accélérateur de l’endettement, notamment extérieur, piégeant encore plus les pays dans le cercle vicieux de la Dette, conclut le rapport de l’observatoire.