La musique Stambali n’est pas seulement un folklore festif, mais également une musique spirituelle, à l’image du chant soufi. Héritage culturel profondément enraciné, elle est intimement liée aux célébrations des saints et à leur louange.
C’est dans cette perspective que le Théâtre National Tunisien a choisi d’intégrer un spectacle de Stambali dans le cadre de la troisième édition des « illuminations de el halfaouine », qui se tient du 14 au 18 mars 2025, en partenariat avec la fondation Abdelwahab Ben Ayed et Microcred, sous l’égide du ministère des Affaires culturelles.
Ainsi, la deuxième soirée de l’événement a été animée par un spectacle envoûtant de Stambali, dirigé par Belhassen Mihoub, en présence d’un public passionné venu savourer l’ambiance nocturne unique de la mythique place El-Halfaouine, au cœur de la médina de Tunis.
Sur scène, l’orchestre a mêlé les percussions traditionnelles – tambours, « chekachak » et guembri – aux sonorités contemporaines de la batterie, une innovation apportée par Belhassen Mihoub, convaincu que la musique doit évoluer avec son temps sans pour autant perdre son essence. Cette fusion subtile a permis d’attirer un public plus large, tout en préservant l’âme authentique du Stambali.
Pendant plus d’une heure, les spectateurs ont été transportés par une succession de tableaux folkloriques, rythmés par des danses emblématiques comme le « Zembala », le « Bou Saadia » et la « Takhemira ». Le groupe a également interprété des chants religieux et des « noubat » dédiées aux prophètes et aux saints, notamment « Sidi Abdelkader », « Sidi Saad » et « Lella Malika ».
Mais au-delà de son aspect spirituel, le Stambali est aussi une musique de transe et de libération. Belhassen Mihoub et son groupe ont interprété des chants aux paroles incompréhensibles, appelées « Ajmi », où des morceaux comme « Galdima » et « Jawawi » se distinguent par leurs rythmes rapides, incitant les spectateurs à danser jusqu’à la transe. Selon les croyances des initiés, ces rythmes auraient même une fonction thérapeutique, aidant à apaiser les âmes tourmentées.
Si le Stambali se présente aujourd’hui comme une musique de fête et de spiritualité, il témoigne également d’une mémoire douloureuse. Ses rythmes évoquent les chaînes de l’esclavage et le fer des entraves, rappelant l’histoire tragique d’une communauté autrefois libre, réduite en servitude.
Le spectacle de Stambali de Belhassen Mihoub a été précédé par des performances de cirque acrobatique, suivies de la pièce de théâtre « El Aârs, Al-Jamra Al-Oula » de Karim Kherchoufi, une production de l’espace "Le Petit Théâtre de Médenine". Ce spectacle a habilement mêlé théâtre, danse, musique et chant populaire du sud tunisien, retraçant les étapes essentielles du mariage traditionnel dans cette région. À travers cette représentation, les artistes ont souligné l’importance de préserver ce patrimoine culturel immatériel, aujourd’hui menacé par l’évolution de la société et la cherté de la vie.
Les « illuminations d’El Halfaouine » se poursuivront jusqu’au 18 mars, avec une programmation riche et variée mêlant théâtre, cirque, cinéma et musiques de divers horizons, célébrant ainsi la diversité et la richesse du paysage culturel tunisien.