Par Hassan GHEDIRI
En orientant et en donnant une meilleure visibilité aux réformes, le futur conseil supérieur de l’éducation espère aider les élèves à recevoir des formations qui leur ouvriront les portes d’un emploi durable.
Le gouvernement dit placer la dynamisation de l’emploi en tête de ses priorités. Ainsi, lors du Conseil des ministres tenu mercredi, l’accent a été mis sur les nouvelles orientations adoptées dans le cadre de la stratégie nationale pour l’emploi visant à développer et multiplier les opportunités professionnelles en faveur des jeunes et à mieux adapter les formations aux mutations de l’économie. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement multiplie les actions destinées à améliorer le climat d’affaires et à stimuler les investissements. L’éducation et la formation, deux piliers fondamentaux de la politique nationale de l’emploi desquels dépendaient la qualité des qualifications cumulées par futurs demandeurs d’emploi et d’une manière générale l’employabilité, l’entrepreneuriat et l’adaptabilité aux besoins de l’économie, forment dans ce sens un chantier prioritaire de réforme.
Au vu les projets examinés lors du même Conseil ministériel, l’on peut estimer que le gouvernement accorde un intérêt particulier à une structure nouvellement instituée. Il s’agit d’une institution qui jouera un rôle essentiel en ce qui concerne la réforme du système de l’éducation et de la formation. L’objectif étant d’enclencher un processus vertueux de formation de compétences garantissant une employabilité optimale qui aidera à moyen et à long termes à résorber le chômage dans le pays. Il s’agit du Conseil Supérieur de l’Education et de la Formation (CSEF) qui sera une instance consultative placée sous l’égide du ministère chargé de l’Eduction, regroupera des experts, des représentants du gouvernement, des enseignants, ainsi que des acteurs du secteur privé et de la société civile.
Ce conseil devrait agir comme un catalyseur pour des réformes globales et continues du système éducatif. En se basant sur l’expérience de pays comme la France avec son Conseil National de l’Éducation ou encore le Maroc avec son Conseil Supérieur de l’Éducation, le CSEF s’impliquerait dans l’élaboration et l’implémentation des réformes selon les besoins réels du marché du travail, et aiderait à faire évoluer les politiques publiques sur le long terme. Cela permettrait à la Tunisie de mieux répondre aux exigences contemporaines de l’éducation et de la formation, tout en s’appuyant sur des évaluations régulières.
Réduire les écarts
Un des principaux défis rencontrés par la Tunisie est l’inadéquation entre les formations offertes par les établissements éducatifs et les compétences requises sur le marché de l’emploi. Le CSEF pourrait jouer un rôle déterminant dans la réduction de cet écart en développant des programmes de formation adaptés aux secteurs prometteurs, tout en prenant en compte les besoins locaux et régionaux. Par exemple, les expériences des pays ayant mis en place des conseils similaires montrent que ces institutions peuvent influencer la formation des curricula en collaboration avec le secteur privé, permettant ainsi aux étudiants de sortir des universités et écoles professionnelles avec des compétences recherchées par les entreprises.
De plus, l’intégration des technologies numériques dans les formations pourrait être facilitée par des conseils qui travaillent main dans la main avec les industries technologiques pour garantir que les étudiants sont formés aux outils et aux logiciels utilisés dans les secteurs économiques clés. L’un des objectifs primordiaux d’un tel conseil serait de favoriser l’employabilité des jeunes diplômés. Grâce à un suivi rapproché des secteurs économiques et des tendances du marché du travail, le CSEF pourrait contribuer à la professionnalisation de la formation dans les institutions d’enseignement et à la promotion des stages en renforçant la collaboration entre les établissements éducatifs et les entreprises. Un tel système d’accompagnement favorise une meilleure insertion professionnelle des jeunes diplômés dans le tissu économique, ce qui est de nature à réduire de manière significative le chômage, en particulier chez les jeunes. Un système de « bourses emploi » ou de partenariats avec les entreprises privées pour former des apprentis pourrait ainsi être mis en place. En s’inspirant des modèles d’autres pays comme le Portugal, qui a établi des liens solides entre l’éducation, la formation et l’industrie, la Tunisie pourrait espérer réduire significativement son taux de chômage, tout en améliorant la compétitivité de son économie.
H.G.