Pas de la rumeur ni encore un jeu de mots. Cette fois, c'est sérieux, c’est au sens propre que du poison serait contenu dans des ouvrages en Allemagne : des dizaines de milliers de livres de la bibliothèque universitaire de Bielefeld, dans le Nord-Est de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, sont en train d'être retirés pour examen, en raison d’un soupçon de présence d'arsenic. Un colorant du XIXe siècle pourrait contenir cette toxine, note la revue littéraire électronique « Actualitté ».
Le soupçon concerne principalement les ouvrages teints avec un colorant vert spécifique utilisé au XIXe siècle, soulevant des inquiétudes pour la santé des usagers et du personnel. La bibliothèque a entamé le processus d’examen et de retrait de dizaines de milliers de livres parmi ses 60.000 volumes, bien que moins de dix pour cent d'entre eux soient estimés être potentiellement contaminés, explique-t-elle dans un communiqué.
Plus précisément, l’exposition au composé toxique est considérée comme potentiellement dangereuse lors de la manipulation des ouvrages concernés, notamment lorsqu'on les touche ou lorsqu’on humidifie les doigts avec la langue pour tourner les pages. La bibliothèque universitaire de Bielefeld a précisé que le danger réside dans l'inhalation de la poussière qui pourrait contenir de l’arsenic ou le contact de celle-ci avec les yeux, bien que les livres restant sur les étagères soient jugés inoffensifs.
Il est ainsi à noter qu’au XIXe siècle, pour produire un beau « vert émeraude », on combine acétate de cuivre et trioxyde d'arsenic, afin d'obtenir de l'acétoarsénite de cuivre et une superbe teinte... On retrouve rapidement cette association chimique dans de fausses fleurs, des gants, robes, coiffes ou même des papiers peints. En 1860, plus de 700 tonnes de ce pigment avaient été produites en Angleterre...
La question de la contamination à l'arsenic ne se limite pas à Bielefeld. L'Université de Duisbourg-Essen mène actuellement une enquête sur la possible présence d’arsenic dans jusqu'à 18.000 de ses livres, principalement stockés dans les archives universitaires. Des démarches similaires sont en cours ou prévues dans d'autres institutions, telles que l'Université de Bochum.
À Düsseldorf, des mesures ont déjà été prises pour stocker en toute sécurité les livres potentiellement contaminés, avec des contrôles effectués selon les besoins. On estime que 150 à 200 ouvrages dans les universités de Cologne et de Bonn pourraient également être affectés, nécessitant leur retrait ou une consultation sous strictes conditions de sécurité, décrit WDR.