Par Chokri Baccouche
Dire que la planète va mal est malheureusement un euphémisme. En effet, la situation dans le monde est plus que détestable et les observateurs avertis, qu’ils soient économistes ou analystes politiques chevronnés, s’accordent à penser que l’humanité se trouve aujourd’hui dans l’antichambre d’une 3è guerre mondiale dont les signes avant-coureurs commencent à se profiler à l’horizon. Les preuves de ce scénario catastrophe s’accumulent au fil des jours. Elles se vérifient d’abord à l’aune de l’épuisement des ressources naturelles telles que l’eau potable, les énergies fossiles et les terres arables, auxquelles s’ajoute une dégradation accélérée de l’environnement. Pour ne rien arranger les choses, le tarissement de ces ressources intervient au moment où la demande explose en raison de l’augmentation drastique de la population mondiale qui compte aujourd’hui près de 8 milliards d’individus. Le nombre des bipèdes qui peuplent la planète atteindra 9,7 milliards en 2050 selon les prévisions. 9,7 milliards d’habitants donc, soit autant de bouches à nourrir représente en fait un sacré challenge extrêmement difficile à remporter surtout si l’on sait l’état déplorable de l’environnement mondial marqué par l’épuisement des ressources halieutiques dû à une surexploitation des mers et des océans. Le réchauffement climatique y rajoute une bonne couche et les cycles de sécheresse qui vont se multiplier à l’avenir menacent de corser davantage la situation. L’agriculture qui nourrit des milliards d’individus est le premier secteur stratégique à subir les effets pervers des sautes d’humeur de Dame nature avec des conséquences incalculables pour l’ensemble de l’humanité.
Les tensions géopolitiques qui marquent la scène internationale depuis quelque temps découlent justement de cette situation peu enviable et de la crise majeure qui secoue l’économie mondiale. En même temps qu’elle génère des tensions sociales à l’intérieur des pays, la récession économique favorise également la montée en puissance des idéologies extrémistes et des mouvements nationalistes comme on peut le remarquer d’ailleurs un peu partout dans le monde et plus particulièrement en Europe. Les crises économiques nourrissent les peurs du lendemain et favorisent également l’émergence de ce que les sociologues appellent les replis identitaires des sociétés. Résultat des courses, l’étranger devient le parfait bouc émissaire et tenu pour responsable de tous les torts et tous les problèmes que connaissent les populations autochtones dans les pays d’accueil.
Aussi étrange que cela puisse paraître, la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump le 2 avril n’est pas sans rappeler le scénario ayant précédé l’effroyable Seconde Guerre mondiale. Les racines de ce terrible conflit mondialisé remontent en effet à la fameuse crise de 1929 qui a provoqué comme on le sait l’effondrement des marchés financiers et plongé le monde dans une récession économique dévastatrice ayant balisé le terrain pour la montée au pouvoir de triste et sinistre mémoire d’un certain Adolf Hitler. Certes, le contexte n’est pas le même mais le protectionnisme exacerbé de Trump risque de conduire inévitablement à des résultats similaires, à savoir une aggravation de la récession économique et de l’inflation à l’échelle mondiale, deux facteurs susceptibles de provoquer une explosion des tensions, déjà à leur comble, et précipiter ainsi la planète dans une 3è guerre mondiale. Le bras de fer économique aux relents géostratégiques que se livrent les Etats-Unis et la Chine risque d’être le catalyseur de ce conflit potentiellement nucléarisé qui pourrait être fatal pour l’ensemble de l’humanité.
De ce qui précède, on peut affirmer sans exagération aucune que tous les ingrédients d’un avenir incertain pour tous les peuples de la planète sont actuellement et malheureusement réunis. Décidément, l’histoire est un éternel recommencement. Aussi paradoxal et révoltant que cela puisse paraître, les humains s’obstinent à commettre les mêmes erreurs et rechignent à tirer les leçons du passé. L’état de la planète est au plus mal, l’environnement se dégrade, les ressources naturelles, énergétiques et halieutiques s’épuisent du fait de l’exploitation abusive, mais pour toute réponse à ce magma de problèmes existentiels, on choisit la fuite en avant vers l’inconnu et le dépérissement. De là à penser que les humains portent les germes de leur propre destruction est une évidence et un pas que de nombreux penseurs ont déjà franchi depuis belle lurette. On ose espérer tout de même qu’on n’en arrivera pas là, car la perspective d’une 3è guerre nucléarisée n’est pas du tout bonne pour la santé des 8 milliards d’individus qui peuplent le monde. Un monde fou mais qui doit se faire tout de même une raison pour éviter le pire et sauver ses propres meubles avant qu’il ne soit trop tard…
C.B.