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Editorial : S’adapter à un environnement mondial de plus en plus hostile

Par Chokri Baccouche

La guerre commerciale décrétée par le président américain Donald Trump va inévitablement impacter les pays arabes. Les nouveaux tarifs douaniers imposés par la Maison Blanche menacent en effet la rondelette somme de 22 milliards de dollars d’exportations arabes hors pétrole. Le Maroc, l’Egypte, la Jordanie et la Tunisie figurent en tête de liste des Etats arabes qui seront affectés par le paiement d’intérêts souverains supplémentaires en 2025. C’est ce que vient de révéler la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale dans une note d’orientation publiée il y a quelques jours. L’instance onusienne précise également que le Maroc et la Tunisie pourraient subir les effets négatifs d’une demande réduite de certains de leurs partenaires clés et notamment l’Union européenne qui absorbe 72% des exportations tunisiennes et 69% de celles du Maroc.

Dans une économie mondialisée, la moindre secousse génère des ondes de choc qui se répercutent inévitablement au-delà de l’épicentre du tremblement de terre, et ce, quelle que soit son intensité. C’est ce qui ressort en tout cas du constat dressé par la Commission onusienne qui met en garde contre les dommages collatéraux, directs ou indirects, résultant des nouveaux tarifs douaniers américains. Plus exactement, la beuverie se passe en Amérique, mais c’est l’Europe qui va se saouler et ce sont les pays maghrébins partenaires de l’U.E qui vont avoir, par ricochet, la gueule de bois. Bref, on peut dire que les perspectives ne sont pas du tout rassurantes surtout que la récession qui frappe de plein fouet l’économie mondiale s’est propagée aux quatre coins de la planète mettant à mal même les plus solides économies européennes où l’inflation atteint depuis quelque temps des sommets.

La Tunisie n’est pas épargnée malheureusement par ce tsunami inflationniste comme le confirment d’ailleurs et entre autres les déboires de l’huile d’olive tunisienne dont les recettes à l’exportation ont baissé, au terme des cinq premiers mois de la campagne 2024-2025, de 28,5% par rapport à la même période de la campagne 2023-2024. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette baisse a été enregistrée malgré l’augmentation de 46% des quantités exportées. Elle s’explique, selon l’Observatoire national de l’agriculture, par la forte réduction (-54%) du prix moyen de l’huile d’olive sur le marché international durant le mois de mars par rapport à la même période de la campagne précédente. De ce qui précède, on peut déduire qu’un avis de tempête se profile à l’horizon annonciateur d’une bourrasque. Les pressions inflationnistes qui vont crescendo et la récession qui affecte nos principaux partenaires économiques, européens notamment, vont inévitablement se répercuter sur l’économie nationale et risquent d’aggraver au passage le déficit de notre balance commerciale. Et pour ne rien arranger les choses, la récente imposition par l’administration américaine d’un droit de douane de 28% aux importations en provenance de la Tunisie, constituées majoritairement d’huile d’olive, est de nature à corser davantage la situation.

Pour prémunir l’économie nationale des aléas et des effets pervers liés à ce contexte international extrêmement difficile, nos décideurs seraient bien inspirés de trouver dans l’urgence des solutions alternatives. La voie de salut passe par l’exploration et la conquête de nouveaux marchés pour les produits tunisiens et l’établissement de nouveaux partenariats économiques avec des pays prometteurs en Asie, en Afrique ou ailleurs. Là où il y a une opportunité d’exporter ou de faire des affaires, nos acteurs économiques doivent être sur la brèche et faire preuve d’audace, de créativité et d’agressivité pour imposer le «made in Tunisia» dans cet environnement international de plus en plus concurrentiel. Il est plus que nécessaire à ce propos que l’Etat accompagne et soutienne pleinement cette dynamique en levant les obstacles administratifs et en assurant la promotion tous azimuts des exportations qui demeurent le véritable moteur de la croissance et la pierre angulaire du développement économique. Bref, on doit pouvoir s’en sortir à bon compte mais à la condition de nous adapter et de répondre à temps aux exigences de cet ordre économique mondial en pleine effervescence et qui fait peu de cas aux retardataires. Encore moins à ceux qui persistent à dormir sur leurs lauriers en attendant qu’un miracle céleste les tire d’affaire sans avoir à bouger le petit doigt….

C.B. 

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