Après la chute de Bachar Al Assad, la Syrie est en phase de tourner la page d’environ cinq décennies d’héritage baasiste qui a ruiné l’économie du pays et l’a isolé sur le plan régional et international. Aujourd’hui, les nouveaux maîtres de la Syrie se trouvent face à un défi majeur, à savoir, la reconstruction.
Malgré la réalité difficile, la Syrie dispose d’un potentiel inexploité qui pourrait représenter des opportunités de transformation. Son emplacement stratégique ; en tant que porte d’entrée entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient ; a fait de la Syrie un candidat potentiel pour devenir un centre de commerce et de transport. Le riche patrimoine culturel du pays, depuis les ruines antiques de Palmyre jusqu'à l'artisanat traditionnel, offre de grandes opportunités pour le tourisme et la renaissance culturelle une fois la stabilité rétablie.
Grâce à ses vastes zones ensoleillées, la Syrie dispose d’un grand potentiel pour devenir un leader en matière d’énergies renouvelables. Les projets d’énergie solaire et éolienne peuvent contribuer à résoudre le problème des pénuries chroniques d’électricité, mais ils offrent également des opportunités de créer de nouveaux emplois et d’attirer les investissements étrangers.
La reconstruction de la Syrie est confrontée à des défis politiques complexes, car certains pays restent réticents à fournir une aide significative, sans mettre en œuvre des réformes politiques. D’un autre côté, la Russie et l’Iran, les principaux alliés de Bachar Al Assad, manquent de ressources suffisantes pour financer des efforts de reconstruction à grande échelle. Pour réaliser des progrès, la Syrie doit composer avec ces intérêts communs afin de garantir l’accès au financement et à l’expertise nécessaires à la reconstruction.
À ce stade sensible, il faut œuvrer pour réintégrer la Syrie dans son environnement arabe. L’isoler de son environnement naturel la rend vulnérable à l’hégémonie régionale et internationale et pourrait la transformer en un État subordonné aux puissances extérieures qui s’engouffrent, déjà, dans la brèche syrienne.
Les multiples visites effectuées par bon nombre de dirigeants arabes à Damas, reflètent d’ailleurs, une volonté arabe de venir en aide à la Syrie affaiblie par plus de quatorze ans de guerre. Une guerre dans laquelle des régimes arabes étaient impliqués.
De ce fait, les pays arabes doivent assumer leurs responsabilités envers la Syrie, en soutenant les efforts de reconstruction, en fournissant une aide économique et humanitaire et en contribuant à instaurer la stabilité politique. Contenir la Syrie dans le monde arabe, garantira la préservation de son identité et l’indépendance de ses décisions, et empêchera qu’elle ne se transforme en une arène d’influence contestée de la part des puissances régionales et internationales.
Il est, ainsi, de l’intérêt des pays arabes d’instaurer une nouvelle Syrie démocratique et surtout, indépendante. Car abandonner la Syrie à son sort, profitera, certainement, aux grandes puissances étrangères pour mettre la main sur les grands potentiels du pays qui font, déjà, couler leur salive.
Contribuer massivement à la construction de la nouvelle Syrie, permettra aux pays arabes d’éviter la reproduction des scénarios irakiens et libyens qui se sont transformés à des arènes de conflits internationaux.
Certes, le chemin vers le redressement est long et se heurte à de nombreux défis, car la corruption, bien ancrée dans le régime de Bachar Al Assad, reste un obstacle majeur à une gouvernance efficace et à une répartition équitable des ressources. Les sanctions internationales, destinées à faire pression sur Assad, aggravent souvent les souffrances des citoyens syriens ordinaires. De plus, les cicatrices psychologiques résultant de la guerre, telles que les traumatismes, la perte de confiance et la désillusion, mettront des générations à guérir.
J. H.