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Editorial : Ne pas perdre la boussole ! - Par Hassan GHEDIRI

Il y a quatorze ans, jour pour jour, un geste désespéré d’un vendeur ambulant à fait basculer le cours de l’histoire de la Tunisie. L’immolation par le feu d’un inconnu devenu internationalement célèbre, qui ne demandait qu’à vendre ses fruits sur sa charrette, était l’expression la plus cruelle de l’injustice et de la marginalisation qui, aujourd’hui, continue, malheureusement, à couver derrière cette angoisse à peine cachée chez beaucoup de Tunisiens qui en ont ras-le-bol des échecs. La date du 17 décembre ne suscite plus les mêmes sensations de fierté et de dignité que lors des premières années de la révolution, mais elle restera malgré tout un rendez-vous pour tous les Tunisiens, gou-vernants et gouvernés, pour faire leur mea culpa, tirer les enseignements, apprendre de leurs erreurs et se racheter. La révolution a été un cri de liberté et une quête pour la justice qui a fait voler en éclats des décennies de tyrannie, libéré la parole et redonné au peuple l’espoir d’un avenir meilleur. Sont finies les querelles politiques qui, en perdurant plus d’une décennie, avaient quasiment étouffé tous les espoirs de mettre à flot un pays à la dérive. Le coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021, proclamé par son artisan comme étant un moment historique de sauvetage et reconstruction, ne peut aboutir à ses fins qu’en se forgeant avec les mêmes valeurs ayant déclenché le grand soulèvement populaire du 17 décembre 2010, c’est-à-dire la liberté et la dignité. La révolution signifie naturellement une transformation profonde à travers un long processus, complexe et semé d’embûches.
L’on peut se permettre d’ailleurs de croire qu’il est normal qu’après quatorze ans des défis économiques persistent et que les inégalités restent grandes. Malgré toutes les désillusions, les Tunisiens doivent garder allumée la flamme de la révolution et ne guère abandonner leur rêve de bâtir la Tunisie qu’ils aiment. L’anniversaire du 17 décembre doit donc être une opportunité renouvelée pour diriger notre boussole vers les objectifs fondamentaux pour lesquels des milliers de Tunisiens ont généreusement sacrifié leur vie. Le 14e anniversaire de la révolution doit être une occasion pour réaffirmer l’engagement de tous à surmonter tous les obstacles. Une œuvre qui nécessite la transformation des mentalités à même d’être à la hauteur des défis qui semblent être insurmontables. Le 17 décembre ne peut et ne doit guère être une simple date de calendrier mais une occasion pour donner une voix aux jeunes, parce que la jeunesse est le carburant de tout changement. Investir dans la bonne éducation, l’emploi et le bien-être des jeunes est la voie du salut qui garantira le meilleur avenir pour les générations futures. Nul ne peut s’autoproclamer le défenseur unique des valeurs de la révolution. Ils constituent un patrimoine national dont la préservation incombe à tous dans le cadre d’un consensus auquel adhèrent les citoyens, les politiques et l’ensemble des composantes de la société civile.
Le 17 décembre 2024 n’est pas seulement une commémoration, mais un rappel puissant que la Tunisie a su, un jour, forcer son destin grâce à la volonté de son peuple. C’est une invitation à croire encore en la capacité de de la transformation collective. La révolution tunisienne ne peut pas être un mauvais souvenir qui suscite de vielles angoisses mais un projet inachevé, une promesse qui attend d’être tenue. L’anniversaire de la révolution est un appel renouvelé et renouvelable à ne pas perdre la boussole, à croire en la capacité de transformer les défis en opportunités et qu’une Tunisie libre, équitable et prospère est bel et bien possible.

H.G.

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