contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Moody’s a relevé la note de la Tunisie : Les signes d’un redressement?

Par Hassan GHEDIRI

L’agence de notation Moody’s a relevé, vendredi,

la note souveraine de la Tunisie de Caa2 à Caa1, marquant ainsi la première amélioration depuis 2016.

L’agence américaine a annoncé, le 28 février, la révision à la hausse de la note souveraine de la Tunisie, passant de Caa2 à Caa1 avec une perspective stable. Selon le communiqué diffusé à cet effet, cette revalorisation concerne également la dette senior non garantie de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui bénéficie du même relèvement. Moody’s souligne, par ailleurs, qu’une amélioration plus rapide du financement extérieur et un assainissement budgétaire accéléré favoriseraient une nouvelle révision à la hausse. 

Il est important de rappeler que cette amélioration de la note souveraine de la Tunisie par Moody’s est la première depuis novembre 2016 lorsque l’agence a relevé la note de Ba3 à B1 avec perspective négative. Durant huit ans, la note souveraine de la Tunisie n’a donc fait que se dégringoler. Cette révision ne peut qu’être applaudie du fait qu’elle vient  récompenser les efforts déployés par la Tunisie pour remédier un tant soit peu à de multiples dysfonctionnements économiques et financiers. Elle aidera, sans doute aussi, à créer une relative stabilisation des fondamentaux macroéconomiques du pays. 

Sami Arfaoui, analyste financier, met l’accent sur un des éléments déterminants ayant motivé  la décision de Moody’s,  à savoir la réduction du déficit de la balance courante, qui s’est nettement amélioré par rapport aux prévisions antérieures. « Cette évolution a permis une meilleure préservation des réserves de change et a facilité le remboursement de deux émissions obligataires internationales en octobre 2023 et février 2024, ce qui a constitué un signe positif pour les investisseurs et les marchés financiers internationaux», explique-t-il.

L’amélioration de la note reflète également une meilleure gestion des finances publiques et un contrôle plus strict des dépenses de l’État. «Malgré des tensions budgétaires persistantes, la Tunisie a su éviter un défaut de paiement et maintenir une relative stabilité de ses engagements», poursuit le spécialiste. Il estime  cependant que notre pays aura encore beaucoup de défis à relever pour inscrire cette amélioration dans une dynamique durable. Et de considérer, dans ce sens, que la diversification des sources de financement est essentielle pour réduire la dépendance aux bailleurs de fonds internationaux. «Attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE) et renforcer le marché obligataire local sont de nature à contribuer a l’allégement des pressions sur l’endettement extérieur», pense-t-il.

Fragilité

Par ailleurs,  les experts semblent être unanimes à considérer que le poids de la dette publique, qui dépasse les 80 % du PIB, demeure une contrainte importante nécessitant des réformes budgétaires et fiscales profondes.

Passer de Caa2 à Caa1 avec perspectives stables n’empêche toutefois pas de dire que l’environnement économique tunisien reste toujours fragilisé par un ensemble de déséquilibres structurels, notamment dans le secteur énergétique et les entreprises publiques, qui continuent de peser sur les finances de l’État.

Sur ce point, Arfaoui pense qu’une réforme de ces entreprises déficitaires, combinée à une stratégie énergétique plus durable et moins dépendante des subventions, est indispensable pour assainir les comptes publics. Ceci étant, l’amélioration du climat des affaires doit rester une priorité  de premier ordre. Il s’agit de simplifier davantage les procédures administratives, digitaliser l’économie et moderniser le secteur bancaire pour dynamiser  l’investissement privé et accélérer la relance.

L’État doit donc maintenir une discipline budgétaire stricte, renforcer ses capacités de financement et accélérer les réformes structurelles pour continuer sur une trajectoire positive et gagner la confiance des investisseurs.

Entre pression des créanciers, attentes sociales et instabilité régionale, la marge de manœuvre de l’Etat est très étroite, afin d’éviter de prendre des décisions aventurières: imposer une rigueur budgétaire risquant d’attiser les tensions, ou retarder les réformes au prix d’un isolement financier accru. 

Hassan GHEDIRI 

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869