Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Alors que le monde est bouleversé par des changements géopolitiques, que peut faire un pays comme le nôtre pour protéger ses intérêts?
Depuis son retour à la Maison blanche au mois de janvier dernier, le président américain, Donald Trump, a bien tenu ses promesses électorales, notamment son slogan de campagne «L’Amérique d’abord-America First». Il a réduit l’aide étrangère, pris des mesures sévères en matière d’immigration, mis fin aux programmes de promotion de la diversité et introduit une série de droits de douane sur les voitures, l’aluminium, l’acier et les produits en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, entre autres mesures. Il a entamé des pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine et a même suggéré que les États-Unis pourraient acheter Gaza, commentait Luis Barrucho l’autre jour sur BBC ce début du deuxième mandat de Trump. Et même s’il a renoncé aux mesures douanières prises à l’encontre de certains pays, rien n’indique que le monde est à l’abri d’un profond bouleversement géopolitique. De fait, comment un pays comme la Tunisie peut résister à cette vague et protéger ses intérêts?
Ils sont nombreux les analystes à donner leur avis depuis l’entame de la tempête tarifaire «Trumpienne». Pour l’historien, économiste et spécialiste des relations internationales, Mohamed Sassi: «Alors que les équilibres mondiaux vacillent, la Tunisie contemporaine se retrouve face à un dilemme existentiel». Dans une analyse publiée sur le site de Leaders, le spécialiste estime, en effet, que «le constat est sans appel. A l’horizon se profilent trois tempêtes majeures, à savoir le déclin relatif de l’Europe, partenaire historique empêtré dans ses contradictions, l’émergence de nouvelles puissances aux ambitions décomplexées (Chine, OCS, BRICS) et la fragmentation persistante de son environnement maghrébin et africain». Et d’ajouter: «Pourtant, derrière ces défis se cachent aussi d’immenses opportunités. La Tunisie se trouve à un carrefour décisif où elle doit articuler avec finesse plusieurs impératifs, notamment préserver sa souveraineté économique tout en approfondissant son ancrage régional et diversifier ses partenariats sans sacrifier ses intérêts nationaux». Sur ce, quelle stratégie faut-il adopter?
Opportunités …
Pour l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi: «L’économie doit passer avant tout autre considération. Au fait, notre politique étrangère doit être au service de l’économie nationale. C’est, d’ailleurs, l’approche du président américain, Donald Trump, qui fait tout pour rendre plus puissante l’économie américaine». Justement, lors d’une conférence organisée au mois de février dernier par l’Institut arabe des chefs d’entreprise, les intervenants ont conclu que «la réélection de Donald Trump en 2024, avec la poursuite de la doctrine “America First”, pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie mondiale, notamment en raison de son approche protectionniste, de ses réformes fiscales et de sa stratégie monétaire agressive. Pour la Tunisie, ces politiques pourraient engendrer à la fois des défis et des opportunités, nécessitant une analyse approfondie et des mesures adaptées pour en anticiper les effets. D’une part, la hausse du dollar, l’augmentation des droits de douane et la baisse de l’aide internationale peuvent fragiliser son économie. D’autre part, ces changements pourraient inciter la Tunisie à diversifier ses partenariats économiques et à renforcer sa production locale».
Pour l’analyste Mohamed Salah Jennadi: «La politique du président Kais Saied va, également, dans ce sens puisqu’elle œuvre à protéger la souveraineté nationale tout en variant les partenaires économiques. Bien que la Tunisie refuse l’ingérence dans les affaires d’un autre Etat, elle n’accepte en aucun cas que quiconque s’immisce dans ses affaires internes. La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, et la souveraineté appartient exclusivement au peuple tunisien».
M.B.S.M.