Par Imen Abderrahmani
Le rideau se lève, ce soir, au Théâtre de l’Opéra sur la 23ème édition du Festival de la chanson tunisienne. Manifestation qui a fait de la résistance, réussissant à sauvegarder sa place, en tant qu’espace de découverte et de promotion des voix tunisiennes.
Bien ancré dans l’histoire musicale du pays, le festival de la chanson tunisienne dans sa forme actuelle est le fruit de plusieurs initiatives qui ont vu le jour, depuis les années 60, voulant accorder une place de choix à la chanson tunisienne. Du Festival Saliha au Festival Ali Riahi, les appellations sont multiples mais l’intention est la même : mettre en avant les chanteurs, les paroliers, les compositeurs et les musiciens tunisiens et promouvoir cette musique tunisienne dans sa richesse et diversité.
Après tant d’essais, tant de tentatives, le Festival de la musique tunisienne est né en 1987, avec le maestro Fethi Zghonda qui a assuré sa direction. Tant de grands artistes ont assuré la direction, apportant leur savoir-faire et leur expertise à la programmation de cette manifestation dédiée à la musique tunisienne et célébrant ses différents acteurs. Parmi ces artistes, nous citons : Feu Ahmed Achour, Mohamed Boudhina, Riadh Marzouki, Abdelkrim Shabou, Hamadi Ben Othman, et Sonia Mbarek qui a dirigé le festival entre 2005 et 2008.
Après des années d’éclipse, le festival a été relancé en 2021, à l’initiative de tant d’artistes, avec l’appui du ministère des Affaires culturelles. Un vrai acquis qu’il a fallu préserver malgré les hauts et les bas. Avec une 2ème interruption en 2022, le Festival a eu lieu en 2023 et également en 2024, proposant un programme spécial focalisant sur la chanson engagée et ce en solidarité avec la Palestine.
Pour cette année, le Festival que dirige le compositeur Taher Guizani est placée sous le signe « La Tunisie chante ». Un slogan porteur d’une note d’espoir et affirmant la vocation du festival en tant que plateforme d’encouragement et de promotion de jeunes talents et du dialogue entre les différentes générations d’artistes.
Nouvelle édition, nouvelles ambitions
Pour la soirée d’ouverture, prévue, ce soir, au Théâtre de l’Opéra, à partir de 22h00, le grand public aura droit à une création de Karim Thlibi. Une œuvre où se croisent et s’entrelacent tant de styles et de genres qui témoignent de la richesse de la scène musicale tunisienne. Spectacle grandiose où dialoguent l’artistique et le philosophique, le vécu et le rêvé, « Imagine » réunit sur scène une cinquantaine de musiciens, avec l’accompagnement de l’Orchestre symphonique tunisien (OST) et les Voix de l’Opéra. Mélangeant les genres, allant du patrimoine tunisien à l’opéra, du traditionnel au contemporain en passant par la musique électronique, le spectacle transcende les genres, pour être une réflexion sur la condition humaine à travers les musiques et les voix. Le spectacle qui a été au programme de tant de manifestations, dont nous citons notamment le Festival international de Hammamet est une vraie source d’enchantement.
Au-delà de cette soirée d’ouverture, le Festival prévoit trois d’autres soirées, les 9, 10 et 11 mars. Pour les deux premières, elles seront réservées aux compétitions et elles verront la participation, respectivement de Najet Attia et Nawel Ghachem, en tant qu’invitées d’honneur. Il est ainsi à noter que lors de ces deux soirées 26 œuvres seront présentées dans les trois compétitions : 13 dans la catégorie « Nouvelles productions », 10 dans la catégorie « Compositions instrumentales » et 3 dans la catégorie « Interprétation individuelle libre ».
Quant à la soirée de clôture, elle sera axée sur deux parties : la remise des prix aux heureux lauréats de l’édition et un concert de l’Orchestre Symphonique Tunisien (OST) qui sera accompagné par NébihaKaraouli, en tant qu’invitée d’honneur.
Favorisant les échanges, le comité d’organisation a programmé deux rencontres-débats. La première a eu lieu avant-hier, le 6 mars, à Ennejma Ezzahra, avec comme thème « La chanson, quels horizons ? » et a vu la participation de la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi et de quelques chanteurs et acteurs de la scène musicale tunisienne. Quant à la 2ème rencontre, elle aura lieu le 13 mars, à la Cité de la Culture, au Théâtre des jeunes créateurs et elle sera réservée à l’évaluation du festival.
Surmontant vents et marées, le Festival continue son chemin, sa mission, promouvant ces voix d’hier et d’aujourd’hui, balisant le terrain devant les voix de demain.
I.A.