« L’Ere documentaire » ainsi s’intitule le nouveau rendez-vous de la Cinémathèque tunisienne. Rendez-vous spécial qui débute demain à 16h00 pour se clôturer le 31 de ce mois avec à l’affiche des documentaires qui ont abordé les changements sociaux politiques de la Tunisie post 14 janvier.
Une révolution dans la révolution, ainsi peut-on qualifier les changements qu’a connus le cinéma tunisien post 14 janvier. Genre peu présent, avant le 14 janvier 2011, avec comme thème très souvent des questions culturelles, le documentaire s’est bel et bien imposé sur les catalogues des grands rendez-vous cinématographiques nationaux comme les Journées cinématographiques de Carthage qui lui a réservé des sections entières et une place de choix dans ses compétitions.
Comptant sur leurs propres moyens, autofinancement, très souvent, soutenu par le ministère des Affaires culturelles ou des fonds étrangers, parfois, les réalisateurs tunisiens ont fait leur révolution et l’ont réussi. En témoigne, le nombre de films documentaires produits ces dernières années.
Récupérant des vidéos et des reportages qui ont été réalisés par les Tunisiens lors des évènements qui ont eu lieu depuis le 17 décembre 2010 jusqu’au 14 janvier 2011 et ceux qui ont suit par la suite tels que les manifestations, les sit-in, produisant leurs propres récits et montant leurs propres scènes, les réalisateurs ont choisi de donner la parole aux citoyens, aux experts dans les différents domaines, recueillant les témoignages et les confessions. Endossant parfois la casquette de l’historien, parfois d’autres celle de l’anthropologue ou du journaliste, les cinéastes tunisiens ont pu faire parler de leurs œuvres à travers ces histoires où la mémoire collective se conjugue à la mémoire individuelle.
Le coup d’envoi de ce programme typique sera avec « Plus jamais peur », un documentaire réalisé par Mourad Ben Cheikh et présenté au Festival de Cannes 2011 et dont les images ont été tournées pendant la révolution tunisienne de 2010-2011.
Le film répond à une question fondamentale : comment témoigner d’un changement historique tant en restant dans le cinéma, tout en conservant l’esthétique du cinéma ? Que s’est-il passé entre le 17 décembre 2010 jusqu’au 14 janvier 2011 ? Et comment le changement a été vécu ?
Le programme de cette manifestation met en lumière une bonne sélection d’œuvres cinématographiques documentaires qui ont abordé la révolution tunisienne non seulement de son côté politique mais également de ses aspects sociaux. Des films abordant la question des droits de l’homme, « la démocratie naissante », la justice transitionnelle, la liberté d'expression et des médias, les questions écologiques… ont également vu le jour, enrichissant le débat sur cette Tunisie post- révolutionnaire.
A l’affiche : « Une vie en dents de scie » de Mounir Baaziz, 2012, « La mémoire noire, témoignages contre l’oubli » de Hichem Ben Ammar, « Fallega 2011 » de RafikOmrani, « Nous sommes ici » de Abdallah Yahia, « La ligne 13 » de Sami Nasri, « Maudit soit le phosphate » de Sami Tlili, « El Gort » de Hamza Ouni, « Le challat de Tunis » de Kaouther Ben Hania, « Rouge parole » de Elyes Baccar, « Mohamed Ben Jannet » de Ridha Ben Halima, « Le visage de Dieu » de Bahram Aloui, "Travelling" de Ons Kammoun, "On the road" de Adnen Meddeb, "War reporter" de Mohamed Amine Boukhris, "Derrière la vague" de Fethi Saidi, "Fathalah Tv" de Wided Zoghlami, "Génération maudite" (Wled Ammar) de Nasreddine Ben Maati, "C'était mieux demain" de Hinde Boujemaa, "L'île aux enchères" de Majdi Kaaniche et "Révolution under 5'" de Ridha Tlili qui clôtura le programme.
« Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh
"Maudit soit le phosphate" de Sami Tlili