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Editorial : Responsabilité partagée - Par Hassan GHEDIRI

Vendredi 21 mars, la communauté internationale célébrera la Journée mondiale contre le racisme. L’évènement résonnera différemment en Tunisie eu égard à cette montée de tension sur fond d’une très mauvaise gestion de la crise des émigrés subsahariens qui perdure et empire depuis plus de deux ans. Dans un communiqué diffusé samedi dernier, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a exprimé de grandes inquiétudes face à la situation alarmante dans laquelle se trouvent des milliers de migrants subsahariens en Tunisie. De plus en plus nombreux, ces derniers sont confrontés, selon la Ligue, «à des violations de leurs droits, à la précarité et à des violences» qui menacent leur dignité et leur sécurité. 

La Tunisie, pays historiquement ouvert et tolérant, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. D’un côté, elle doit faire face à une crise migratoire qui s’intensifie, avec un nombre croissant de migrants subsahariens en situation irrégulière. Ces derniers, souvent visibles dans des camps de fortune dépourvus d’eau et de nourriture, sont devenus une réalité dans pratiquement toutes les régions du pays. De l’autre côté, la réponse sécuritaire adoptée jusqu’à présent montre ses limites. Les arrestations d’activistes de la société civile accusés de faciliter l’émigration illégale illustrent une approche répressive qui ne résout pas les causes profondes du problème. 

Ce qui est sûr, c’est que cette situation est en partie le résultat de l’accord conclu entre la Tunisie et l’Union européenne, qui a renforcé les contrôles en mer et réduit les flux migratoires vers l’Europe. Si cet accord a permis de limiter les départs clandestins, il a également conduit à une concentration de migrants sur le territoire tunisien, sans que des solutions durables ne soient proposées pour leur prise en charge. Respecter les droits humains et combattre toutes les formes d’exclusion et d’intolérance ne signifie toutefois pas devenir une terre d’accueil pour des centaines de milliers d’émigrés fuyant leur pays. La Tunisie n’hésitera toutefois pas à s’engager dans une démarche qui garantit une gestion rationnelle des flux migratoires dans le respect des droits humains et qui tient en compte la réalité socioéconomique et sécuritaire du pays. 

Ceci exige une coopération renforcée avec tous les acteurs impliqués dans le problème migratoire sur la double échelle locale et internationale. Des collaborations qui permettent de mettre en place des mécanismes de répartition équitable des responsabilités entre les pays, en évitant que la charge ne repose uniquement sur les nations frontalières comme la Tunisie. 

Il est également indispensable de développer des programmes internationaux de protection et d’assistance aux migrants, en particulier dans les pays d’origine et de transit. Ces programmes doivent viser à améliorer les conditions de vie des migrants, à lutter contre les réseaux de traite et à promouvoir des voies légales de migration. En parallèle, la Tunisie doit continuer à plaider pour un soutien financier et logistique accru de la part de la communauté internationale, afin de mieux gérer les flux migratoires sur son territoire sans compromettre sa stabilité interne.

A l’occasion de la cette Journée mondiale contre le racisme, il est important de rappeler que la dignité humaine est universelle et que la gestion des migrations doit reposer sur des principes de solidarité et de responsabilité partagée par tous les pays. La Tunisie ne peut et ne doit pas assumer seule cette responsabilité. Une coordination internationale est le garant d’une gestion réussie de la crise migratoire qui réserve les droits des migrants dans le respect de la souveraineté et les spécificités de chaque pays. 

H.G.

  

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