Par Imen ABDERRAHMANI
Nerf de nos télévisions privées et publiques, la publicité explose bel et bien pendant le mois sacré de Ramadan, au grand bonheur non pas des téléspectateurs-consommateurs, mais des services commerciaux de nos chaînes de télé.
Lésés souvent par le contenu «impudique» de certains spots, comme c’était le cas, il y a quelques jours pour un spot d’un opérateur téléphonique, diffusé évidemment en prime time et dont les spectateurs ont été indignés par les allusions sexuelles qu’il contient, alors qu’ils sont encore à table et en famille, coincés entre le marteau et l’enclume. Il y a de quoi! Avec des spots d’affilée, le spectateur se sent ennuyé. Son expérience télévisée est gâchée et son temps est perdu surtout que certaines pauses dépassent les dizaines de minutes.
Perplexe, le spectateur se trouve parfois dans l’obligation de ne pas suivre la série ou le programme, préférant se tourner vers les plateformes qui lui permettent de voir ce qu’il veut quand il veut sans être dérangé. Il faut dire qu’auparavant, la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) assurait un certain contrôle, réglementation ce secteur pendant le mois de Ramadan, qui connait toujours une explosion sans pareille de publicité et qui draine de nombreux annonceurs cherchant à mettre en lumière leurs produits et à gagner le pari de la concurrence. Critiquée pour son faible rendement et son rôle limité qui n’a pas dépassé très souvent le rôle de celui qui inflige des punitions, surtout, contre les chaînes privées qui ne respectent pas le règlement, la HAICA, dont le destin n’est pas clair, a laissé le terrain vide devant les programmateurs et les annonceurs. Pour le spectateur, il n’a qu’à subir cette «punition», en gardant toujours le sourire et l’espoir, et surtout les nerfs froids pour pouvoir digérer tant d’abus dans les contenus.
Outre la HAICA qui brille, lors de ce Ramadan, par son absence, l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins (OTDAV) semble choisir le silence. Aucune réaction sur les chansons et les compositions qui meublent les spots, ni encore sur ces chansons interprétées ici et là, dans les soirées d’animations ramadanesques ou encore dans les festivals qui semblent connaître, cette année, une vraie explosion et qui nous mènent à une question aussi classique. N’est-il pas temps de réviser la carte des festivals et surtout améliorer leur contenu pour qu’ils ne soient pas des «copier-coller» d’autres et pour qu’ils aient une spécificité?
Revenons à l’OTDAV qui d’habitude mène de nombreuses campagnes de sensibilisation et qui diffuse même des chiffres, permettant d’attirer l’attention du citoyen tunisien sur la question des droits d’auteur, et surtout à l’enraciner dans la mémoire pour qu’elle se traduise par la suite dans des pratiques, a laissé aux annonceurs la liberté de violer, chacun à sa guise, le répertoire musical tunisien... Supposant que tous ces spots ont bien respecté les droits d’auteur (pratique étonnante!), il faut le dire pour donner l’exemple à d’autres. Idem pour ces artistes et pseudo-artistes qui ne font qu’interpréter et réinterpréter les chansons des autres sans se soucier des droits d’auteur...
Dans cette anarchie audiovisuelle, dans ces imbroglios, le contrôle s’impose au moins de la part des chaînes de télé, sans pour autant toucher à la liberté de créativité. Un rappel à l’ordre de la part de l’OTDAV même avant Ramadan ne peut que sensibiliser sur le dossier des droits d’auteur en Tunisie, un dossier épineux qui n’avance pas aussi vite tant que la mentalité n’a pas changé.
I.A.